Une étude espagnole le confirme : le Maroc est engagé dans une course aux armements
Par Sadek Sahraoui – Le Groupe d’études en sécurité internationale (Gesi), relevant de l’université espagnole de Grenade, vient de publier une étude détaillée sur l’armée marocaine et le processus de développement de son arsenal. Dans sa partie consacrée à l’armée de l’air marocaine, cette étude réalisée par Josep Baques, professeur de sciences politiques à l’université de Barcelone et membre du Gesi, révèle que «les pilotes marocains ne bénéficient seulement que de 100 heures de vol par an. Ils sont donc très en deçà de la norme Otan qui recommande une moyenne de 180 heures de vol par an». Autrement dit, les pilotes marocains sont sous-entraînés.
L’étude pointe également la modeste présence d’hélicoptères de combat dans l’armée de l’air marocaine, contrairement, dit-elle, «au voisin algérien». Le document rappelle que «les hélicoptères constituent un atout majeur lorsqu’ils opèrent conjointement avec l’artillerie et les colonnes blindées».
L’étude évoque également des carences aux plans de la logistique et de la maintenance. Elle souligne, par exemple, que la logistique de trois modèles différents d’avions militaires peut s’avérer problématique. Par conséquent, ajoute le document, «il est probable qu’à moyen terme, Rabat décidera de standardiser sa flotte par de nouvelles acquisitions de F-16, en remplacement du Mirage. Ce qui permettra également de pallier le sous-effectif des avions de chasse».
La capacité de ravitaillement en vol de l’armée marocaine est, par ailleurs, jugée limitée, avec uniquement deux KC-130 Hercules. Les performances des F-16 orientent le Maroc vers l’acquisition de 3 KC-135 Stratotanker, que l’étude dépeint comme «un excellent multiplicateur de force».
Au-delà de ces carences, le Groupe d’études en sécurité internationale (Gesi) prévient que l’armée de l’air marocaine «dispose d’un arsenal respectable, entre l’acquisition de nouveaux jets d’avant-dernière génération – d’origine nord-américaine – et la modernisation de la flotte existante». Une flotte que l’auteur de l’étude estime «comparable, sur le plan qualitatif, à celles de certains pays avancés».
Au total, le Maroc aligne 75 avions de combat à haute performance. Une avancée significative que l’auteur qualifie de «programme ambitieux de modernisation qui répond avant tout à l’achat de 44 Su-30MK par l’Algérie». Il faut notamment comprendre par là que le Maroc est engagé dans une course aux armements.
Le professeur Josep Baques indique à ce propos que le Maroc a acquis récemment trois drones Male – copie des drones Harfang, qui disposent de 24h d’autonomie. Il dispose, en outre, de 4 exemplaires du célèbre drone américain Predator, dans sa version MQ-1. Optimisés par des capteurs dernier cri, ces Predator sont principalement destinés à des activités de renseignement, appuyés par l’acquisition de radars longue portée de type APS-148. A tout cela, il faut ajouter le satellite espion offert récemment par la France au Maroc.
S. S.
Comment (13)