Journée mondiale de l’arbre : le Barrage vert, cinquante ans après
Le 21 mars a été proclamé par la FAO et les Nations unies Journée internationale des forêts en 2013, pour mettre en relief l’importance de tous les types de forêts et d’arbres en général et sensibiliser l’opinion à cette question.
L’objectif des actions menées dans le cadre de la Journée internationale de l’arbre et de la forêt est de renseigner le public sur leur importance pour la survie de l’humanité. Les forêts couvrent environ un tiers de la planète et jouent un rôle fondamental dans les économies mondiales et nationales. Près d’1,6 milliard de personnes en dépendent pour leur subsistance quotidienne et leur survie à long terme.
Les forêts sont les écosystèmes les plus riches en termes de diversité biologique. Elles abritent plus de 80% des espèces d’animaux, de plantes et d’insectes sur terre. Les forêts fournissent également des abris, des emplois et la sécurité pour les populations qui en sont tributaires.
Pourtant, malgré tous ces précieux avantages écologiques, économiques, sociaux et sanitaires, nous détruisons les forêts dont nous avons besoin pour survivre. La déforestation mondiale se poursuit à un rythme alarmant : 13 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année à travers le monde. En outre, la déforestation est responsable de 12 à 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement de la planète.
L’Algérie recèle plusieurs parcs forestiers protégés : Chréa (Blida), Babor Tababort (Sétif), Tikjda (Bouira)… outre le Barrage vert programmé pour stopper l’avancée du désert qui réduit de plus en plus les pâturages des zones steppiques.
Le concepteur du Barrage vert, Saïd Grim, s’était confié à Algériepatriotique pour alerter sur son état de dégradation de de cette réalisation. Initié en 1970, le Barrage vert visait à créer une barrière de verdure reliant les frontières algériennes d’Est en Ouest sur 1 500 km et une largeur de 20 kilomètres, soit une superficie de plus de 3 millions d’hectares.
L’Algérie sollicite l’ONU pour la réhabilitation du Barrage vert
L’Algérie a demandé au Fonds vert pour le climat (un mécanisme financier de l’ONU) de mobiliser 50 millions de dollars pour financer un projet intégré visant à restaurer des terres dans les zones arides et semi-arides du Barrage vert, a indiqué le directeur général des forêts (DGF), Azzedine Sekrane, rapporte l’agence de presse officielle APS.
D’une durée de 5 ans, ce projet vise à prévenir, réduire et à faire reculer la désertification et la dégradation des terres, d’atténuer les effets de la sécheresse dans les zones touchées, en améliorant la résilience des systèmes humains et naturels des zones du Barrage vert à travers une gestion durable et une réhabilitation des forêts et pâturages.
Sur les 50 millions de dollars demandés par la DGF, 20 millions seront consacrés à la mise en oeuvre d’activités de restauration des écosystèmes affectés en privilégiant les espèces autochtones résilientes, 20 millions de dollars pour l’amélioration de la gestion des zones vulnérables de façon à prévenir la désertification, 5 millions pour la mise en place d’un système de surveillance des effets du changement climatique et d’aide à la prise de décision.
Les 5 millions restant seront destinés au renforcement de la prospective et de la recherche, au développement de l’activité des petits exploitants et soutien des entreprises vertes et bleues, afin d’assurer des réponses durables aux changements climatiques.
La zone d’intervention du projet couvre les 10 wilayas du Barrage vert, soit l’essentiel des zones arides et semi-arides du pays.
Une équipe technique de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) compte se rendre incessamment à M’sila, choisie comme wilaya pilote, afin d’évaluer les action à lancer dans le cadre du projet, et ce, avant la fin avril prochain, a fait savoir M. Sekrane. La décision du Fonds vert pour le climat est tributaire essentiellement des résultats de cette évaluation, souligne-t-il.
La DGF s’est appuyée sur les résultats d’une étude réalisée en 2017 par le Bureau national d’étude pour le développement rural (Bneder), portant sur la réhabilitation et l’extension du Barrage vert sur plus de 4,7 millions d’hectares. Cette étude, qui relève la dégradation de 50% de la zone Barrage vert, a fait ressortir un plan d’action mettant l’accent sur la restauration et le développement des espèces endémiques des zones arides et sahariennes en tenant compte de la résilience et la protection de la biodiversité. Le plan d’action proposé inclut les domaines forestier, dunaire et agropastoral ainsi que les bandes routières, en intégrant aussi les aspects socioéconomiques.
De son côté, le représentant de la FAO en Algérie, Nabil Assaf, a affiché la disponibilité de cet organisme onusien à accompagner la démarche de la DGF pour l’octroi des financements nécessaires. «En tant que membre agréé au Fonds vert pour le climat, nous allons soutenir les efforts de l’Algérie pour concrétiser ce projet. La FAO va non seulement accompagner l’Algérie pour mobiliser les fonds nécessaires, mais veux aussi bénéficier de son expérience dans la lutte contre la désertification et dupliquer cette expérience au niveau mondial», a-t-il déclaré. Il appelé par ailleurs à adopter une approche participative dans la mise en oeuvre des projets de réhabilitation du Barrage vert et de développer l’innovation dans la lutte contre la désertification afin de surmonter les difficultés dues aux conditions climatiques.
Rattaché à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Fonds vert pour le climat est un instrument financier onusien qui a pour objectif de réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques.
L’Algérie avait souligné, lors de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), son engagement à lutter contre les changements climatiques en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre de 7% à l’horizon 2030. Cette contribution pourrait atteindre 22% si l’Algérie arrive à obtenir le soutien financier international et le transfert technologique nécessaire.
Espérons que le chantier entamé par Saïd Grim renaîtra de ses cendres…
R. C.
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