La panacée tamazight pour sauver l’Algérie
Par Mesloub Khider – Au premier jour fut le Verbe. Et au dernier jour sera la verve. Cette verve berbériste mise au service de la revendication linguistique. De la lutte pour la langue amazighe. Cette langue des premiers temps de la vie sur terre en Algérie. Des premiers hominidés établis en Berbérie. Cette atavique langue inscrite dans nos gènes pour l’éternité, selon nos gardiens de la mémoire culturelle berbériste. Que l’histoire n’a pas altérée. Qui coule dans les veines de chaque Algérien. Que chaque Algérien porte avec lui comme un viatique. Cette langue mémorable, vénérable, immuable, est gravée sur la terre de l’Algérie comme les tables de la loi divine. Que l’histoire n’a pas déracinée, dégradée, remplacée, effacée, selon nos illuminés berbéristes. En dépit de l’évidence historique, sociologique, attestant que plus de 80% d’Algériens ont depuis des siècles l’arabe comme langue maternelle. Et comme héritage culturel la culture arabo-musulmane.
L’aveuglement du berbérisme n’a d’égal que son absence de vision historique éclairée par une connaissance objective et étincelante moderne. Il est vrai qu’il continue à éclairer ses connaissances, ou plutôt ses potins historiques, à la lanterne pastorale ancestrale.
Cette langue, j’allais écrire divine, aux pouvoirs imputrescibles, au destin insubmersible, à la richesse littéraire millénaire, au génie intellectuel prolifique, aux dispositions scientifiques prodigieuses, aux vertus incantatoires miraculeuses, aux facultés thaumaturgiques, cette langue donc est appelée à devenir notre pierre philosophale algérienne. Cette langue est capable de transformer le plomb en or par ses seules vertus verbales. De changer notre vil pays en nation précieuse.
Donc, mon cher Algérien, embrasse cette légendaire langue amazighe et ta misérable vie se muera en une existence emplie de félicité. Epouse la précieuse langue amazighe, mon cher Algérien, et tu répudieras ta vile existence. Mets-toi à prier en langue amazighe et tu seras assuré de gagner le Paradis, toi qui perds ta vie dans cet enfer de l’Algérie arabisée. Tu seras même assuré de parler la langue kabyle au Paradis. Car c’est la langue du Paradis. Applique-toi à apprendre ce dialecte antique et tu recouvreras ta personnalité authentique. Car, selon les berbéristes, tu es affligé d’une fallacieuse identité.
Voilà le remède miracle censé guérir l’Algérie de ses maux, sauver l’Algérie de sa crise. Grâce à l’élixir de jouvence linguistique amazighe, l’Algérie est assurée de recouvrer une santé culturelle et intellectuelle juvénile. Consommer la langue amazighe sans modération, tel est le conseil médicinal de nos nutritionnistes linguistiques et culturalistes berbéristes. Et vous êtes assurés de voir disparaître toutes vos souffrances : sociales, économiques, financières, politiques… et même sentimentales car vous pourrez ainsi épouser une belle Kabyle ou un beau Kabyle aux cheveux jaunes !
La maladie de l’Algérie n’est pas sociale, économique, politique, mais linguistique, culturelle.
L’islamiste nous enjoignait de dévorer avidement le Coran pour nous guérir de nos malheurs, le berbériste nous prescrit de nous mettre à l’étude de l’amazighe pour renouer avec le bonheur. Retrouver notre innocence enfantine, notre pureté culturelle. Pour nous réconcilier avec nos racines. Cultiver notre délicieuse langue. Pour permettre à notre organe buccal d’épurer son palais locutif.
Bizarrement, dans les deux cas, ils oublient de nous prescrire l’ordonnance politique pour nourrir notre principal organe vital : le ventre. Il est vrai qu’il s’agit là de préoccupations bassement matérielles, d’occupations affreusement terrestres et non point célestes ou culturelles.
Pour le moment, faute d’apprendre tamazight pour s’assurer une place au Paradis, nous pouvons fêter Yennayer dans cet enfer de l’Algérie. Cette fête qui accompagnait l’activité laborieuse de nos ancêtres, avant que la fainéantise devienne de nos jours l’occupation principale des Algériens. Longtemps employé pour régler les travaux agricoles saisonniers, Yennayer va nous permettre de ressouder nos liens perdus avec le travail. L’instauration de ce calendrier berbère nous restituera probablement l’énergie laborieuse pour renouer avec l’activité productive de nos aïeux. Cette activité productive éclipsée du calendrier existentiel algérien.
Paradoxalement, l’Algérie a impulsé son déclin au lendemain de l’institution du calendrier hégirien, notamment de l’établissement des jours fériés de fin de semaine les jeudis et vendredis. Que les Algériens ont transformé en jours fériés toute la semaine, en jours chômés toute l’année. La reprise du travail ayant été repoussée aux calendes grecques.
Certainement, la reprise du travail s’amorcera quand, dans ce pays quasi désertique, il ne pleuvra plus de pétrole dans tous les foyers sous forme de revenus rentiers. Dès lors, les Algériens se résoudront-ils à irriguer la terre d’Algérie de la sueur de leur labeur pour faire pousser des usines productives.
On peut toujours rêver. En attendant il ne faut surtout pas arracher l’Algérien de son sommeil. De sa torpeur légendaire. De sa léthargie pathologique.
Gageons que l’adoption du calendrier berbère nous permettrait de sortir du marasme ambiant, de la crise économique. Alignés sur notre unique et exceptionnel calendrier berbère six fois millénaire, nous pourrions ainsi développer une économie compétitive autarcique multiplement milliardaire. Autosuffisante. Autosatisfaisante. Ravissante.
Prions tous en tamazight pour que notre vœu de prospérité soit entendu par Dieu. Il sera certainement plus miséricordieux quand la prière Lui sera adressée en langue amazight, langue sacrée par la Providence, consacrée par la Présidence.
Que cette reconnaissance du Nouvel An berbère marque l’ère d’une nouvelle renaissance algérienne. Que la généralisation de tamazight nous apporte une ère de prospérité. Que la langue kabyle soit enfin notre porte-bonheur !
M. K.
Comment (35)