Tant mieux !
Par Meriem Sassi – Les perturbations que connaît la production de boissons gazeuses et jus, en raison de la suspension de l’importation de certains intrants, dont les arômes artificiels, fait monter l’Association des producteurs algériens de boissons (Apab) au créneau.
Celle-ci déplore la situation qui prévaut au sein de certaines unités industrielles, dont la survie est menacée, et sur le risque de perte d’emplois qui en découlera. Elle alerte, par ailleurs, sur le risque de pénurie de boissons aromatisées que devrait connaître le marché durant les mois à venir.
Si on ne peut que déplorer et s’inquiéter de la perspective de licenciements que risquent de connaître des centaines de travailleurs, il est, cependant, difficile de prendre fait et cause pour les producteurs de boissons.
Il est difficile, en effet, d’occulter les risques sur la santé publique que constitue la consommation, en nette hausse, de ces boissons bourrées d’additifs et de sucre. Les contrôles dans ce domaine n’étant pas légion, beaucoup d’unités de production ont proliféré proposant une large gamme de produits nocifs pour la santé.
Le danger en Algérie est décuplé depuis quelques années par un changement fulgurant des habitudes alimentaires des Algériens qui ont délaissé le modèle traditionnel pour une consommation effrénée de gras, de sucre et de sel notamment.
Les boissons gazeuses et jus sont devenus ainsi incontournables et sont consommés quotidiennement par toutes les franges de la population. Résultat de ces chamboulements : une hausse significative des maladies chroniques tels le diabète et de multiples types de cancer. En Algérie, près de 2 millions de personnes sont atteintes de diabète, et le nombre de cancéreux a atteint près de 500 000 patients. Pas moins de 50 000 nouveaux cas de cancer sont recensés chaque année, dont 1 500 enfants.
Des chiffres effarants qui doivent interpeller les services de santé publique, mais aussi les industriels qui, au-delà de la logique économique, peuvent aider à améliorer les produits et à organiser la filière, non seulement dans une logique de profit et de rentabilité, mais aussi dans le sens d’une réflexion sur des produits moins nocifs pour la santé.
Des lignes de boissons à base de fruits naturels, tels que les agrumes, sont à étudier pour arrêter le fléau de l’accoutumance aux boissons bas de gamme qui détruisent la santé des Algériens. C’est d’autant plus grave que les enfants sont en première ligne de cette épidémie de surconsommation de sucre et d’additifs en tous genres. Ce qui pose un grave problème de santé publique sur le long terme.
M. S.
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