L’Arabie Saoudite veut sa bombe atomique
Par Sadek Sahraoui – Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a affirmé, dans une interview à la chaîne de télévision CBS diffusée dimanche, que si l’Iran se dotait de l’arme nucléaire, l’Arabie Saoudite «ferait de même le plus rapidement possible». L’homme fort de Riyad, qui a rencontré Donald Trump mardi dernier à la Maison-Blanche, a aussi fait dans cette interview un parallèle entre les ambitions territoriales du guide suprême iranien Ali Khamenei et celles d’Adolf Hitler. Certains spécialistes du Proche-Orient soupçonnent l’Arabie Saoudite de chercher à tout prix amplifier la menace iranienne pour justifier justement l’acquisition d’une centrale nucléaire et la production d’uranium à usage militaire. Autrement dit, Riyad cherche à acquérir ou à fabriquer une bombe atomique.
Ce projet de «bombe atomique saoudienne» n’est pas une vue de l’esprit, préviennent ces mêmes spécialistes, qui rappellent les récentes déclarations de l’ancien chef du renseignement, le prince Turki Al-Faisal, selon lesquelles «l’Arabie Saoudite ne devrait pas renoncer à son droit souverain d’enrichir un jour l’uranium dans le cadre de son programme nucléaire civil prévu, d’autant plus que les puissances mondiales ont permis à l’Iran de le faire».
Craignant de voir Riyad se doter d’une arme nucléaire, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a d’ailleurs récemment demandé au président américain Donald Trump de bloquer le programme nucléaire saoudien.
Quoi qu’il en soit, Riyad prévoit d’ores et déjà la construction des deux réacteurs nucléaires devant faire partie d’un programme plus vaste visant à produire de l’électricité à partir de l’énergie atomique afin que le royaume puisse exporter plus de pétrole brut. L’Arabie Saoudite prévoit de construire en tout 17,6 gigawatts de capacité nucléaire d’ici 2032, soit l’équivalent d’environ 16 réacteurs. Riyad a déjà déclaré aussi qu’il voulait exploiter ses propres ressources d’uranium pour «l’autosuffisance» dans la production de combustible nucléaire.
Dès le mois prochain, Riyad devrait ainsi présélectionner deux à trois entreprises internationales parmi cinq groupes originaires de Chine, de Corée du Sud, de Russie, de France et des Etats-Unis, a récemment précisé à l’agence Bloomberg Abdelmalek Al-Sabery, consultant au King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy (Kacare). En décembre, le nom de l’entreprise qui construira les deux premiers réacteurs sera connu, selon M. Al-Sabery. Les travaux de construction devraient débuter l’an prochain avec une mise en service qui n’interviendrait pas avant 2027.
S’il est mis en œuvre, le programme nucléaire saoudien serait le deuxième dans le Golfe après celui des Emirats arabes unis où un réacteur nucléaire, construit par le groupe sud-coréen Kepco, entrera en service dès cette année.
S. S.
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