Le juge Tournaire détient des preuves graves et accablantes contre Sarkozy
De Paris Mrizek Sahraoui – Le clap de début de ce feuilleton – qui s’apparente à un scandale d’Etat – sans doute à rebondissements et qui devra, un jour, éclairer les dessous de l’«affaire libyenne» a été donné le 20 mars dernier après que l’ancien président de la République de 2007 à 2012 a été convoqué devant les magistrats du Pôle financier de Paris.
Dans ce dossier aux ramifications tentaculaires, plusieurs protagonistes y jouent un rôle principal, à commencer par Nicolas Sarkozy placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour «corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens». La première séquence, ouverte le 20 mars, comportant la convocation, le placement en garde à vue et la mise en examen de Nicolas Sarkozy, laisse suggérer que les magistrats en charge de cette affaire sont intimement convaincus de la culpabilité du défendeur.
En effet, si la durée de la garde à vue n’a duré que 36 heures seulement, au lieu de 48 (durée légale), c’est que, visiblement, le juge Tournaire, réputé sérieux, tenace, intransigeant, connaissant parfaitement ses dossiers et, surtout, ayant une haute idée de la justice, est en possession de preuves et d’indices graves et concordants récents accréditant la présomption de culpabilité de Nicolas Sarkozy. Au-delà des différents témoignages que ses proches – dont les plus zélés et ceux qui l’avaient alors accompagné dans la forfaiture, au premier rang desquels figure Bernard-Henri Lévy, observent un silence coupable – tentent de discréditer, d’autres pièces tout aussi accablantes figurent dans le dossier aussi lourd que les souffrances du peuple libyen.
Les trois chefs d’inculpation, «corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens» donnent un avant-goût de ce que seront les plaidoiries et le réquisitoire.
Jusqu’ici, au regard des témoignages de personnes directement impliquées dans cette affaire, eu égard aux documents rendus publics, aucun doute ou presque ne pèse sur l’origine d’une partie des fonds ayant servi au financement de la campagne présidentielle de 2007, pas plus qu’on se soit le moins du monde douté de la qualification de «recel de fonds publics libyens» ; en revanche, personne n’a soupçonné l’ancien chef de l’Etat de «corruption passive», autrement dit d’enrichissement personnel (dans le droit français, «il y a corruption passive [un chef d’accusation très lourd, puni de 10 ans de prison et de 150 000 euros d’amende, auquel doit répondre Nicolas Sarkozy] lorsque l’acte de corruption est à l’initiative de la personne qui est corrompue, c’est-à-dire de la personne qui accomplit ou n’accomplit pas un acte en échange d’une contrepartie»). En clair, le guide libyen avait non seulement financé la campagne électorale présidentielle de 2007, mieux – ou pire –, il a arrosé Nicolas Sarkozy et ses proches collaborateurs, eux aussi dans le viseur de la justice.
Accusés de prévarication, de corruption ou d’être corrompus, d’avoir touché des rétro-commissions dans des contrats d’armement notamment, parfois au péril des vies de leurs concitoyens, nombre d’hommes politiques français ont eu maille à partir avec la justice, mais rares ceux qui ont fait de la prison. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, même s’il échappe à la justice de son pays et internationale – elle peut être saisie –, l’histoire retiendra qu’il aura été, si la justice confirme les charges qui pèsent sur lui, un chef d’un cartel de criminels de guerre resté impuni, celui qui aura détruit un pays, la Libye, humilié et tué son leader, Mouammar Kadhafi, déstabilisé toute une région… juste pour un enrichissement personnel.
Seulement voilà, l’histoire est implacable. Quel maire aura l’idée – ou le courage – d’associer le nom d’une rue, d’un monument ou d’une école de sa commune à celui de Nicolas Sarkozy ? La question mérite d’être posée car, après 1945, la France a débaptisé toutes les rues portant le nom du maréchal Pétain.
C’est pire que la prison.
M. S.
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