Ben Salmane : «Nous avons propagé le wahhabisme sur ordre de l’Occident»
Par R. Mahmoudi – Sur son élan d’iconoclaste, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, a reconnu que la promotion et la propagation du wahhabisme par son pays ont été faites à la demande de ses alliés occidentaux pendant la guerre froide, dans le but, dit-il, d’empêcher l’Union soviétique de «conquérir le monde musulman ou d’y acquérir de l’influence».
Dans un entretien au quotidien américain The Washington Post, paru dimanche, l’homme fort de Riyad a expliqué que les gouvernements saoudiens successifs «se sont fourvoyés sur de fausses pistes», et qu’il était temps aujourd’hui que «les choses reviennent à la normale», concernant notamment le financement du terrorisme. Il souligne que ce «financement provient aujourd’hui en grande partie d’institutions privées basées dans le royaume, et non du gouvernement». Or, tout le monde sait que les ONG saoudiennes, en relation avec les différentes organisations islamistes ou salafistes dans le monde, ont toujours obéi à un agenda officiel, dicté par une stratégie d’exportation de l’idéologie wahhabite dans le cadre d’une diplomatie religieuse accompagnée par les chancelleries saoudiennes.
Si dans ces aveux, le prince héritier ne fait pas son mea culpa sur les dégâts causés par cette funeste entreprise aux différents pays de la région, il ne peut nier le rôle du royaume saoudien dans l’enrôlement des brigades entières de djihadistes arabes envoyées, dès la fin des années 1970, en Afghanistan pour combattre aux côtés des islamistes locaux, eux-mêmes formés dans les écoles saoudiennes et encadrés par les services de renseignements saoudiens. C’est dans ce pays qu’a été créé le premier noyau Al-Qaïda par le Palestinien Abdallah Azzam et le Saoudien Oussama Ben Laden.
Parmi ces «moudjahidine» figuraient beaucoup d’Algériens qui vont, à la fin des années 1980, rejoindre massivement le FIS et former, quelques années plus tard, les Groupes islamistes armés (GIA), auteurs des effroyables massacres qu’a connus l’Algérie durant les années 1990.
R. M.
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