Comme au Moyen-Âge
Par R. Mahmoudi – Une vidéo de la chaîne Ennahar TV, partagée par de nombreux internautes, montre avec quelle manière, et surtout impunité, un groupe de citoyens cherche à punir un voleur présumé dans un marché de bétail situé, vraisemblablement, dans la wilaya de Boumerdès, en décidant de se faire lui-même justice.
Ces images effroyables montrent un jeune homme traîné par les pieds sur des dizaines de mètres par une foule galvanisée, comme dans ces histoires de torture du Moyen-âge qui peuplent l’imaginaire de l’humanité, pendant qu’on l’interroge et on le menace de mort pour lui soutirer des aveux concernant d’autres personnes qui seraient ses «complices» dans l’acte de vol pour lequel il est jugé.
Cette scène rappelle le supplice qui a été infligée, en décembre 2016, à un autre jeune homme pris en flagrant délit de larcin dans le marché d’Akbou, dans la wilaya de Béjaïa. Le jeune homme a été ligoté et suspendu à un arbre par les pieds, au milieu d’une foule qui s’apprêtait à le lyncher à mort. La personne n’a dû son salut qu’à l’intervention de la police. La scène a été filmée et a suscité une vague de commentaires mais, dans cette première affaire comme dans cette seconde, les autorités semblent dépassées, voire impuissantes face à de tels phénomène qui, pourtant, ouvrent la voie à tous les excès et dangers, dont celui de se substituer à l’autorité de l’Etat sur des questions qui sont de son seul ressort. La justice populaire est en vogue dans des zones de non-Etat à travers le monde.
Cela dit, à travers les réseaux sociaux, l’opinion est largement partagée entre ceux qui expriment leur totale indignation, en décrivant cet acte de «monstrueux», de «scandaleux» et de «signe révélateur d’une dangereuse régression sociale» et ceux qui, malheureusement aussi nombreux, y voient un signe de conscience citoyenne et une forme de moralisation salutaire de la société, exposée à une montée sans précédent de la délinquance, alimentée par un chômage ravageur chez les catégories les plus jeunes. D’aucuns louent aussi les vertus de cette forme de justice populaire par dépit ou par révolte face au «laxisme» des autorités à tous les niveaux contre les délinquants.
R. M.
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