Rached Ghannouchi : «Il est temps pour les islamistes de prendre le pouvoir»
Par Sadek Sahraoui – Chassez le naturel, il revient au galop. Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste tunisien Ennahdha, n’a pas caché cette semaine sa satisfaction face aux frappes aériennes opérées samedi par les Occidentaux contre la Syrie. Dans un meeting marquant le démarrage de la campagne de son parti pour les élections locales, il est même allé jusqu’à comparer l’agression contre les Syriens aux victoires de la démocratie en Tunisie.
Ce week-end «a connu deux évènements d’importance majeure. Le premier a lieu en Tunisie et concerne le démarrage de la campagne pour les élections municipales, qui vont permettre aux islamistes de récupérer le pouvoir du pays par la base», a martelé le chef de file des Frères musulmans en Tunisie, ajoutant que «le deuxième s’est produit en Syrie et concerne la punition exemplaire infligée à Bachar Al-Assad».
Rached Ghannouchi cherche-t-il, à travers ses déclarations, à donner l’assurance aux Occidentaux qu’en cas de victoire de son parti aux élections locales, il ne sortira pas de la ligne tracée dans la région par les Occidentaux et l’Arabie Saoudite, pays duquel son mouvement n’est pourtant pas proche ? C’est même une certitude. En tout cas, les Européens ne semblent pas opposés à l’éventualité d’une arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie.
Algeriepatriotique a, d’ailleurs, rapporté ce samedi que le leader d’Ennahdha avait été reçu jeudi en grande pompe à Bruxelles par Federica Mogherini, haute représentante européenne aux Affaires étrangères et des Politiques de sécurité, afin, semble-t-il, de «discuter de la situation en Tunisie, des réformes sociales, économiques, et de la gouvernance actuelle dans le pays». Un porte-parole de la Commission européenne avait expliqué cette rencontre par «l’importance des relations tuniso-européennes» et la volonté de soutenir davantage «l’expérience démocratique tunisienne». En décodé, cette déclaration ne veut rien dire d’autre que l’UE est prête à accepter que les islamistes gravissent les plus hautes marches du pouvoir en Tunisie.
S. S.
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