Les services français sont-ils derrière l’attentat contre un général libyen ?
Par R. Mahmoudi – Le chef d’état-major de l’homme fort de l’Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée) de la Libye, Khalifa Haftar, a échappé à un attentat à la voiture piégée à Benghazi, dans l’est du pays. L’attaque, qui n’a pas encore été revendiquée, a fait deux victimes civiles qui étaient de passage, selon des sources médicales et de sécurité.
Le général Abdelrazak Al-Nadhouri «est sorti indemne d’une tentative d’assassinat terroriste, après l’explosion d’une voiture piégée au passage de son convoi», a indiqué le bureau d’information du commandement de l’ANL. L’explosion a eu lieu dans la région de Sidi Khalifa à l’entrée est de la ville, a précisé l’ANL dans un bref communiqué.
Le général Al-Nadhouri a accusé plus tard des «cellules terroristes» d’être derrière cette tentative d’assassinat. «Cet acte terroriste lâche intervient après la défaite de ces groupes terroristes» à Benghazi, a-t-il déclaré à la chaîne Libya Al-Hadath, bras médiatique de l’ANL.
Cet attentat coïncide étrangement avec une vague de rumeurs sur l’état de santé du maréchal Haftar, hospitalisé depuis plusieurs jours à Paris. L’absence prolongée de l’homme de main de Paris et de ses alliés arabes (Arabie Saoudite, Emirats arabes unies et Egypte) sur la scène libyenne semble préoccuper au plus haut point les services de renseignements français qui songent d’ores et déjà à un successeur de Haftar.
Dans une déclaration au journal arabe Al-Arabi Al-Jadid, parue le 16 avril, l’ex-conseiller politique du maréchal Haftar, Mohammed Bouïssir, a quelque peu anticipé sur l’événement de ce mercredi. Il a révélé que le chef de cabinet de Haftar, le général Aoun El-Fourdjani, au chevet de son chef depuis son hospitalisation à Paris, étudiait la question de la succession du chef de l’ANL avec les services de renseignements français, en présence des quatre enfants du maréchal. Il a précisé que les services français auraient jeté leur dévolu sur le général-major Abdeslam El-Hassi, commandant des opérations au sein de l’Armée nationale libyenne, en excluant d’emblée l’actuel chef d’état-major, le général-major Abderrezak Al-Nadhouri, qui vient d’échapper à une tentative d’assassinat.
En réponse à une question sur l’intérêt que prête la France à la situation en Libye, Mohammed Bouïssir affirmait que Haftar «n’est pas seulement le commandant en chef de l’armée libyenne pour la France, mais joue également un rôle stratégique en Libye pour le compte de la France, des Emirats arabes unis et de l’Egypte». En observateur averti de la scène politique libyenne, l’ex-conseiller de Khalifa Haftar expliquait que ces trois pays avaient «des bras militaires et intelligents dans leurs zones d’influence et leurs projets» et exigeraient que le successeur de Haftar poursuive la même politique. «C’est donc normal que ce soit eux qui le désignent», affirme-t-il, tout en reconnaissant que c’est la France qui dirige actuellement le processus.
L’ex-conseiller de Haftar fait une autre révélation, en affirmant que le report de la succession est dû essentiellement aux démarches qui prendraient apparemment du temps pour en convaincre le président du Parlement libyen (Tobrouk), Akila Saleh, et le pousser à évincer le général Al-Nadhouri, ultime obstacle des services français.
R. M.
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