Les autorités turques ont annoncé, mardi, le démantèlement d’une cellule de renseignement opérant sur le sol turc au profit des services de renseignement des Emirats arabes unis. Selon un communiqué publié par le bureau du procureur général d’Istanbul sur la plateforme X, trois individus ont été arrêtés et un mandat d’arrêt a été émis à l’encontre d’un quatrième suspect se trouvant actuellement hors du territoire turc. L’opération a été menée conjointement par le parquet, les services de renseignement turcs (MIT) et les forces de sécurité de la Direction générale de la sûreté d’Istanbul.
Les suspects sont accusés d’avoir collecté des données sensibles sur des institutions stratégiques turques, notamment la Présidence des industries de défense et le ministère des Affaires étrangères. L’enquête révèle l’utilisation de comptes en ligne fictifs et d’une ligne téléphonique achetée auprès d’une entreprise turque, puis transférée ultérieurement aux Emirats. Cette ligne aurait servi à établir des contacts avec des responsables étrangers afin d’obtenir des informations sur des fonctionnaires occupant des postes sensibles. Les enquêteurs affirment que ces activités étaient réalisées sur instruction directe d’agents émiratis.
Le parquet détaille également des tentatives de ciblage d’un numéro de téléphone utilisé par le ministère des Affaires étrangères, ainsi que la collecte systématique d’informations personnelles sur des administrateurs travaillant dans le secteur turc de la défense. L’identification de quatre individus liés à ces opérations a conduit à l’intervention des forces de sécurité, qui ont interpellé trois suspects mardi matin. Le quatrième, situé à l’étranger, fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Cette affaire survient dans un contexte délicat pour les relations entre Ankara et Abou Dhabi. Malgré un rapprochement récent après des années de tensions post-printemps arabe, plusieurs dossiers régionaux continuent de provoquer des frictions. Parmi eux, la situation en Libye, au Soudan, en Egypte et en Syrie. Les dernières accusations réciproques liées au conflit soudanais, Ankara soutenant le gouvernement, et Abou Dhabi appuyant les milices des Forces de soutien rapide, semblent avoir ravivé les divergences entre les deux capitales.
M. K.



