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Ils ont osé !

Par Karim B. – La mort de Biyouna, figure emblématique d’un cinéma algérien pluriel, d’une culture ouverte, tolérante et vivante, ne devait appeler qu’à l’hommage. Pourtant, les islamistes ont vu dans son départ une occasion sinistre de réapparaître, de brandir leur version dévoyée de l’islam, comme si la disparition d’une icône culturelle pouvait justifier leurs discours sexistes. Leur insupportable cynisme utilise le deuil collectif pour imposer des dogmes rétrogrades.

Ils osent juger, moraliser, tout en oubliant les milliers de morts et la décennie de terreur qu’ils ont semée dans les années 1990. Ils tentent de travestir le souvenir de Biyouna en tribune religieuse, comme si son travail artistique, sa voix, son humour, son humanité se résumaient à ce qu’ils en ont envie de voir. C’est une offense à elle, à sa mémoire, aux millions d’Algériens, à l’intelligence collective.

Que ces extrémistes oublient ! La décennie noire n’est pas un lointain souvenir abstrait. C’est une plaie vive pour l’Algérie. C’est des familles détruites, des quartiers entachés de sang, des vies et des rêves brisés.

Quand des nostalgiques de l’obscurantisme religieux reviennent aujourd’hui, c’est pour faire revivre cette époque infernale, pour raviver l’horreur, imposer le joug d’une morale étriquée, éteindre ce que Biyouna et tant d’autres ont incarné : liberté, culture, ouverture, dignité.

La société algérienne, qui avance, n’est plus la proie du désarroi d’il y a trente ans. Elle a trop souffert pour tolérer un retour de l’intolérance, de l’arbitraire. Elle sait. Elle se souvient. Elle ne pardonnera pas.

Biyouna n’était pas qu’une artiste. Elle était le reflet d’un Algérie plurielle, ouverte, fière de ses contradictions, riche de ses cultures, de ses femmes, de ses voix. Sa mort touche de nombreux cœurs, à travers le pays et au-delà. Quiconque tente de s’en servir pour imposer des dogmes rétrogrades, pour exhumer les vieux démons, agit contre tout ce que Biyouna représentait. Le faire, c’est souiller sa mémoire, c’est profaner un deuil national.

Le fiel de ces extrémistes qui pensent pouvoir renaître avec le départ de cette grande figure est vain. Les Algériens n’oublieront pas les crimes, les morts, les blessures. Et, surtout, ils ne céderont jamais à l’intolérance.

K. B.

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