Aveu d’un journaliste britannique : «Nous avons nourri l’islamophobie»
Par R. Mahmoudi – Au moment où la polémique enfle, en France, autour de l’«appel contre le nouvel antisémitisme» visant directement la communauté musulmane, les Britanniques s’en emparent, mais dans un sens plus apaisé et moins crispé. Même si cette ouverture typiquement britannique a, faut-il le rappeler, toujours profité aux activistes islamistes de tous bords.
Ainsi, le rédacteur en chef du tabloïd populaire The Daily Express, Gary Jones, a avoué que les Unes de son journal ont contribué à «l’exacerbation du sentiment d’islamophobie» dans les médias et que certaines étaient «franchement offensantes», au point qu’il dit se sentir «coupable». Gary Jones, qui intervenait face à la commission des affaires étrangères de la Chambres des communes (Parlement) a déclaré qu’il n’était pas satisfait de certaines couvertures précédentes de son journal et qu’il comptait «rectifier le tir» en y imprimant une nouvelle ligne «moins offensive» à l’égard de la communauté musulmane. «Il est de ma responsabilité de veiller à ce que le contenu (du journal, ndlr) soit exact et que le journal n’use pas de stéréotypes (…) Je devrais être responsable de mes actes», a-t-il soutenu. Et d’ajouter qu’il ne voudrait plus faire partie d’un journal qui publierait des matières à connotation islamophobe.
Lors de ces débats, la députée travailliste d’origine pakistanaise Naz Shah a brandi la Une du quotidien The Sun qui titrait : «Un musulman britannique sur cinq a des sympathies pour les djihadistes», jugée mensongère par l’instance de régulation de la presse écrite, Ipso, et critiquant globalement les couvertures du journal concernant les musulmans britanniques. Interpellant le rédacteur en chef de ce tabloïd, qui lui a aussi comparu devant la commission parlementaire, la bouillonnante députée déclarera : «Vous avez choisi de présenter un mensonge catégorique comme un fait parce qu’il cadre avec votre ligne éditoriale, qui suscite indéniablement la haine contre les musulmans.»
En 2016, Naz Shah avait été sanctionné par son parti pour «promotion de l’antisémitisme», après avoir publié sur Facebook, deux ans avant qu’elle ne soit élue députée, une image montrant l’Etat d’Israël incrusté sur une carte des Etats-Unis sous le titre : «Solution pour le conflit israélo-palestinien : relocalisez Israël aux Etats-Unis», suivi du commentaire : «Problème résolu.» Elle est également accusée d’avoir posté un commentaire avec le hashtag #IsraelApartheid disant : «N’oubliez jamais que tout ce que Hitler a fait en Allemagne était légal.»
La même année, un autre homme politique, l’ancien maire de Londres, le travailliste Ken Livingstone, avait été sanctionné, lui aussi, pour «antisémitisme» et «apologie du nazisme», après avoir déclaré à la radio BBC : «Rappelons-nous lorsque Hitler a remporté l’élection en 1932, sa politique était de déplacer les Juifs en Israël.» Et de poursuivre : «Il soutenait le sionisme avant de perdre la tête et de finir par tuer six millions de Juifs.» Cette déclaration avait fait dire au Premier Ministre de l’époque, David Cameron, que le parti travailliste avait «un problème avec l’antisémitisme». Ken Livingstone a refusé de s’excuser pour sa déclaration, affirmant que «la critique des politiques menées par le gouvernement israélien ne devait pas être confondues avec l’antisémitisme».
R. M.
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