Louisa Hanoune appelle Bouteflika à retirer le projet de loi sur la santé
Par Hani Abdi – La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s’élève énergiquement contre le projet de loi sur la santé qui sera soumis au vote des députés le 30 avril courant. Lors de son intervention, aujourd’hui à l’ouverture d’une réunion des cadres du parti des wilayas du centre, Louisa Hanoune n’a pas fait dans la dentelle, parlant ainsi de grave dérapage qui va renvoyer l’Algérie au Moyen-Age.
La pasionaria du PT n’a nullement épargné l’Exécutif d’Ahmed Ouyahia ni le Parlement, considérant que les lobbies locaux comme étrangers ont réussi à influencer ces deux appareils du pouvoir. Saluant la grande mobilisation du syndicat des pharmaciens pour contrer la suppression de l’alinéa de l’article 259 de la loi sur la santé, Louisa Hanoune a qualifié ce projet de loi d’«effroyable », remettant en cause tous les acquis du système de santé depuis l’indépendance.
Pour elle, le droit à la santé, garanti par la Constitution, n’existe nullement dans ce projet de loi qui a été, selon elle, conçu en faveur des lobbies locaux et internationaux de l’industrie pharmaceutique. Louisa Hanoune considère ce projet de loi comme un «acte d’agression» contre le peuple algérien, contre la souveraineté nationale et contre la nation algérienne. Il s’agit, selon elle, d’un projet de «liquidation du droit à la santé».
Le PT avertit contre les conséquences désastreuses de ce projet de loi sur la santé qui menace d’effondrement la sécurité sociale et qui va consacrer l’abandon par l’Etat de pans entiers de population au secteur privé. «Des millions d’Algériens renonceront aux soins faute de moyens et de carte de démunis», a dénoncé ce parti, qui compare cette situation à l’indigénat de l’époque coloniale. La première responsable du PT a également descendu en flammes le projet de nouveau code du travail, qui va, selon elle, renvoyer les Algériens à l’âge de la pierre. C’est une remise en cause totale du droit au travail et la mise en place d’un système d’exploitation des Algériens, sans le moindre instrument de protection de leurs droits.
Indiquant que son parti a introduit 48 amendements au projet de loi sur la santé, dont 10 ont été acceptés, Louisa Hanoune interpelle ainsi le chef de l’Etat pour intervenir et retirer le projet de loi sur la santé et bloquer celui relatif au code du travail au niveau du Conseil des ministres. La responsable du PT a dénoncé, en outre, la reconduction du fameux pacte de partenariat public-privé au niveau local. S’il a été bloqué au niveau central, ce texte est appliqué au niveau local, a-t-elle dénoncé, s’élevant ainsi contre la voracité des lobbies locaux de l’argent. Il y a, selon elle, une «jonction entre les prédateurs locaux et étrangers». Elle dit ainsi «non à la destruction du système de santé construit depuis cinq décennies !», «Oui à une réforme, non à une contre-réforme !».
Louisa Hanoune a, en outre, dénoncé la répression de l’action de protestation des médecins résidents, considérant cela comme «une réponse effrayante». Face à ce qu’elle qualifie de «crise de décomposition du système politique», Louisa Hanoune dit ne voir de solutions que dans une «Assemblée constituante nationale» qui va «consacrer la souveraineté du peuple afin qu’il définisse le système politique qu’il veut pour gérer ses affaires». Pour elle, le système actuel n’est pas réformable. «La situation du pays est dangereuse et effrayante, l’impasse totale qui hypothèque l’avenir du pays», met-elle en garde.
H. A.
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