L’Ecole algérienne est-elle vraiment la pire dans le monde arabe ?
Par Hani Abdi – Un classement des systèmes éducatifs à travers le monde selon la qualité de l’enseignement et des programmes au primaire est largement partagé et commenté sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’Algériens, y compris des enseignants, des cadres et des syndicalistes de l’éducation, considèrent ce classement comme une preuve de la décadence que connaît l’Ecole algérienne.
S’il est vrai, de l’avis de tous les experts, que notre Ecole s’est fâchée depuis des décennies avec le savoir, il est difficile de donner du crédit à un classement qui met étrangement notre pays au bas du tableau. En effet, ce classement place l’Algérie derrière des pays en guerre, comme le Yémen, la Syrie, l’Irak et la Libye. Aussi, il considère que les systèmes éducatifs de la Jordanie, du Maroc, de la Tunisie, de l’Egypte, du Soudan, de Djibouti et de l’Arabie Saoudite sont meilleurs que le nôtre.
Si l’Ecole algérienne est incontestablement sinistrée, il est difficile d’admettre que les enfants du Yémen apprennent mieux que nos enfants et que le savoir est mieux dispensé dans un pays à feu et à sang comme la Libye. Le souci dans cette affaire n’est pas dans le classement lui-même, mais dans le fait qu’il soit pris au sérieux par des professionnels du secteur de l’éducation.
La large diffusion de ce classement, qui ne résistera assurément pas à une analyse scientifique objective, intervient en pleine campagne contre la ministre de l’Education nationale. Une campagne savamment organisée par les islamo-conservateurs, qui craignent de perdre leur influence dans un secteur aussi stratégique que celui de l’éducation. Alors, mettre en avant ce classement, c’est chercher à diminuer du mérite de la réforme engagée, lentement, mais sûrement, par la ministre de l’Education, qui a réussi jusque-là à tenir bon face aux attaques multiples des islamo-conservateurs.
H. A.
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