Dans l’intérêt de tous
Par Mrizek Sahraoui – Il est désormais manifeste qu’Israël veut faire la guerre à l’Iran, la dernière puissance dans la région du Moyen-Orient capable de défier militairement l’Etat hébreu, alors même que Benyamin Netanyahou affirme le contraire. Le printemps arabe, ce plan machiavélique échafaudé par l’Occident pour démanteler les pays arabes alors encore insoumis, a permis à l’ami indéfectible des Américains, grand bénéficiaire des guerres d’Irak, de Syrie et de Libye, de consolider sa suprématie sans coup férir et à moindres frais, celles-ci ayant été faites par procuration.
L’Occident, aidé par des supplétifs à l’intérieur de ces pays, s’en était chargé. Mais, depuis que les pays arabes ont été affaiblis, constituant une force négligeable aux yeux de l’Etat hébreu, l’Iran est tout désigné pour être la prochaine cible à abattre, l’épilogue du plan de désertification économique et de redistribution des cartes dans la région au profit, naturellement, de l’Occident, des monarchies du Golfe inféodées et, surtout, de (leur) allié de toujours, Israël.
Mais un élément nouveau est venu déjouer le plan de redéploiement géostratégique et géopolitique projeté par les pays occidentaux : Vladimir Poutine qui s’apprête à être réinvesti, ce lundi, à la présidence de la Fédération de Russie après avoir été triomphalement réélu, le 18 mars dernier, avec 76,7% des voix. Avec Poutine, la Russie a recouvré sa parole – prépondérante – dans le concert des nations et, lui, bénéficiant d’un énorme soutien à travers le monde entier, y compris en Occident, est devenu incontournable au point où rien ne se fait, rien ne s’engage, tout se décide après (l)’avoir consulté et obtenu le nécessaire aval du chef du Kremlin. Pour des raisons évidentes de politique intérieure, cela ne se dit pas et ne se relaye pas dans les médias.
Pour preuve de l’inévitable association de Vladimir Poutine dans le processus de décision sur la scène internationale, Donald Trump, Emmanuel Macron et Theresa May – Netanyahou rencontrera à sa demande Poutine le 9 mai, notamment au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien suspendu à la décision de Washington du 12 mai – ont dû demander l’accord ou, selon le mobile de chacun, au moins tenu informé Moscou, notamment lors des frappes contre la Syrie, sans doute pour épargner les troupes russes stationnées sur le sol syrien.
Emmanuel Macron entend «arrimer la Russie à l’Europe et non laisser la Russie se replier sur elle-même», traduire : ce grand pays doit être un partenaire privilégié avec lequel il faut renforcer les liens bilatéraux et non un adversaire aux portes de l’Europe avec des relations conflictuelles et en tension permanente. Mais la vraie raison est que la Russie est, aujourd’hui, crainte car n’étant plus le géant aux pieds d’argile d’avant l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, voilà dix-huit ans.
Les Occidentaux le savent et se gardent bien de jouer avec le feu… d’une puissance nucléaire. Dans l’intérêt de tous !
M. S.
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