Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire – Religion et harkis «intellectuels» (7)
Par Kaddour Naïmi – Dans cette partie, examinons en particulier un thème principal évoqué par les auteurs harkis, du point de vue du raisonnement qui lui est appliqué. Commençons par affirmer une règle apparemment banale : dire la vérité, toute la vérité et rien d’autre que la vérité. Mais nous devons savoir que les propagandistes de toute espèce d’idéologie, élèves de Joseph Goebbels, pratiquent la méthode : plus le mensonge est gros, plus il a de chance de convaincre.
Ensuite, pour éviter tout malentendu, affirmons ce principe : le respect de toute opinion en matière spirituelle, en tant que relevant de la vie privée, et à condition de ne pas causer de mal à autrui. Ajoutons une observation méthodologique. A moins de viser à produire une vulgaire propagande, il est insuffisant et erroné, en parlant de l’islam, de se concentrer exclusivement sur cette religion, sans tenir compte des deux autres (hébraïque et chrétienne), y compris les conceptions non religieuses, mais spirituelles (confucianisme, taoïsme, bouddhisme, hindouisme, shintoïsme, animisme), sans oublier l’athéisme. Dans toutes ces conceptions, sans exclusion, l’histoire montre que leurs adhérents respectifs ont tiré des mêmes textes des interprétations opposées, allant parfois jusqu’aux conflits sanguinaires. Et que, derrière ces oppositions, le motif réel, généralement inavoué, était la mainmise sur le pouvoir étatique, source de formation d’une caste privilégiée au détriment de la majorité de la population.
Dès lors, on constate que le coran et l’islam ne sont pas les seuls en cause. Les personnes qui, au contraire, focalisent toute l’attention exclusivement sur cette religion sont dans un de ces deux cas : soit elles ignorent de quoi elles parlent, soit elles déforment volontairement la vérité. Leurs motifs, évidemment inavoués, sont totalement clairs pour quiconque connaît suffisamment l’histoire humaine : mainmise sur des ressources naturelles, contrôle de territoire pour y installer des bases militaires, exploitation de la main-d’œuvre locale à moindre coût. Tout cela pour maintenir ou augmenter une puissance hégémonique mondiale (Etats-Unis) ou régionale (Europe, Israël, Arabie Saoudite au Yémen).
Malheureusement, nous vivons dans une époque où les moyens d’information de masse sont généralement entre les mains de propriétaires qui font partie de ces oligarchies impérialistes, néocolonialistes et sionistes, avec leurs idéologues patentés, dans leur pays, et leurs harkis subsidiaires dans les pays à agresser ou déjà envahis. De là la difficulté des citoyens à connaître la vérité, tant dans les pays agresseurs que dans ceux agressés ou risquant de l’être.
Ceci étant clarifié, considérons le coran et l’islam. La réalité montre l’existence de plusieurs formes de cette religion, comme, par ailleurs, toutes les autres. Toutes sont basées sur diverses interprétations du texte sacré. Parfois, celles-ci se contredisent, au point de déboucher sur des conflits sanglants, et cela juste après la mort du prophète. Il en fut ainsi des trois religions monothéistes, de manière plus ou moins grave. Derrière les considérations théologiques, nous l’avons déjà dit, les interprétations ont eu et ont toujours comme but essentiel, dans tous les cas, sans exception, une légitimation qui n’a rien de spirituelle et tout du matériel et du terrestre : la conquête du pouvoir étatique, avec les privilèges que cette mainmise fournit à l’oligarchie victorieuse.
Il s’ensuit que parler de coran et d’islam (ou de toute autre religion ou conception spirituelle) d’une manière absolue, sans nuances, est une généralisation non conforme à la réalité. C’est un procédé opportuniste en vue des buts inavoués auparavant signalés. Pour en rester aux trois religions monothéistes, limitons-nous à un seul exemple pour chacune.
Selon la thorah, Dieu aurait choisi un «peuple élu», en lui accordant un territoire, avec l’autorisation de massacrer ses habitants précédents. La même interprétation sert aujourd’hui aux sionistes colonialistes pour justifier le projet d’anéantissement du peuple palestinien.
Concernant le christianisme, il y eut les croisades ; elles proclamaient «libérer les lieux saints» de la «barbarie» orientale ; l’invasion s’opéra en arborant la croix sur l’étendard et l’épée en main ; le but réel fut la conquête de territoires et des ressources naturelles qui s’y trouvaient. A l’époque actuelle, le processus se répète : au nom du christianisme, autodécrété seule vérité authentique, les puissances impérialistes déclarent combattre l’«hérésie musulmane» et porter la «démocratie», la «liberté» et les «droits humains» aux peuples agressés ou à agresser.
Concernant l’islam, il y eut les conquêtes. Elles furent appelées «foutouhâte» (ouvertures) ; elles proclamaient apporter la «vérité coranique» aux peuples ; cependant, elle était appuyée, là aussi, par l’épée, et eut comme résultat la conquête de territoires. Aujourd’hui, le procédé est repris par les diverses organisations qui se réclament de l’islam : Al-Qaïda puis Daech, sans oublier leurs financiers : les castes régnantes en Arabie Saoudite et au Qatar.
Dans ces trois religions, cependant, ce sont distinguées des personnes qui ont conçu leur religion comme une doctrine de paix et de solidarité humaine universelles. Hélas ! Ces voix sont demeurées généralement minoritaires et parfois réprimées dans le sang. Quelques exemples : le juif Maïmonide, le chrétien Giordano Bruno, les musulmans Al Hallâj, Ibn Rochd (dit Averroès), le mouvement Annahda (Renaissance), Gamal Albanna(1).
Voici un autre fait que les harkis «intellectuels», à la suite de leurs mandataires, occultent. Chacune des trois religions monothéistes a été tour à tour instrument de libération et moyen d’oppression, en fonction de la lutte entre exploités et exploiteurs. Par conséquent, affirmer uniquement un seul des deux aspects, c’est mentir, c’est produire une propagande fallacieuse.
Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, les impérialistes les plus intentionnés à conquérir l’hégémonie mondiale, les nazis, s’inventèrent leur bouc émissaire : la thorah et les juifs, décrétés assassins de Jésus-Christ. Et vint leur extermination programmée. Mais peu d’historiens ajoutèrent cette précision qui accompagnait ce génocide par les nazis : d’une part, s’emparer des richesses financières de banquiers professant cette religion ou appartenant à une famille la professant, et, d’autre part, éliminer les opposants politiques et culturels, sous le prétexte d’une identique appartenance religieuse : libéraux, socialistes, communistes, anarchistes, etc. Même la révolution russe fut décrétée un produit dirigé par des «juifs», en jouant sur l’origine religieuse familiale de certains de leurs dirigeants, bien que ces derniers fussent totalement athées.
Actuellement, le même scénario se répète, en changeant les acteurs du film. Les tenants de l’hégémonie sont les impérialistes étatsuniens, leurs vassaux européens et israéliens, et leurs harkis «intellectuels» indigènes ou d’origine indigène. Le but est de maintenir et d’augmenter la puissance économique des oligarchies dominantes par l’agression militaire. Ainsi, les juifs des nazis sont remplacés par les «musulmans» des impérialo-néo-colonio-sionistes. Le tort officiel de ce nouveau bouc émissaire que sont les Arabes musulmans ?… Le scénario se répète : croire à une religion «criminelle» : pour les nazis, les juifs avaient assassiné Jésus ; eh bien, pour les impérialo-sionistes, les musulmans sont des assassins par nature puisque leur religion l’est.
Le scénario se répète également en ce qui concerne le livre fondamental légitimant ce genre d’accusation. Les nazis eurent Mein Kampf (Mon combat) d’Hitler. Les impérialo-sionistes, eux, ont The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (Le choc des civilisations ou la refonte de l’ordre mondial) de Samuel Huntington.
De même, le scénario se répète à une échelle réduite. Durant l’occupation nazie, la France eut ses harkis au service de la puissance hégémonique : principalement, Ferdinand Céline et Robert Brasillach contre les juifs et leur thorah. Eh bien, la France actuelle, prétendant à l’hégémonie, a également ses harkis – principalement Boualem Sansal et accessoirement Kamel Daoud – contre les musulmans et leur coran. Nous observons ainsi que l’histoire est la meilleure des enseignantes, si on sait la connaître correctement. On constate, alors, que depuis l’antiquité, la méthode impérialiste est identique, seules changent les formes d’expression, l’identité des oppresseurs, de leurs harkis et des victimes.
Malheureusement, la majorité des citoyens, dans les pays agresseurs comme agressés, sont tellement écrasés par les difficultés de leur vie quotidienne au profit des oligarchies dominantes respectives qu’ils n’ont pas la possibilité de connaître l’histoire réelle. Alors, ils tendent à croire aux affirmations des moyens d’information dominants, lesquels sont au service des impérialo-néo-colonio-sionistes. La manipulation des citoyens est d’autant plus facile que Wilhelm Reich a noté «la psychologie de masse du fascisme»(2).
Or, comment se caractérise l’époque actuelle ?… Nous constatons l’émergence des puissances économiques chinoise et russe, d’une part, et, d’autre part, la velléité de plusieurs pays désirant leur développement économique réel : hier, l’Irak et la Libye, désormais détruits, pour le moment du moins ; aujourd’hui, des pays d’Amérique latine et d’ailleurs, comme l’Iran, la Syrie, l’Algérie, sans oublier la Palestine dont le peuple réclame, pourtant, seulement le territoire qui lui est reconnu par l’ONU.
Tous ces faits sont des menaces à l’hégémonie économique des pays impérialo-néo-coloniaux-sionistes, dirigés par l’oligarchie des Etats-Unis. Et comme toujours depuis l’antiquité, comment ces dominateurs peuvent-ils réagir, sinon par la guerre ? Elle a plusieurs avantages. 1) Elle permet la production, l’emploi et la vente d’armes, donc le profit des actionnaires de ces entreprises. 2) Elle détruit des infrastructures (les êtres humains ne comptent pas, surtout dans les pays agressés), donc il faut ensuite les reconstruire, et, pour cela, faire intervenir les entreprises des pays agresseurs ; donc encore du profit pour les actionnaires. 3) enfin, la guerre permet de dominer les vaincus, donc prendre le contrôle de leurs ressources naturelles, utiliser leur territoire comme base militaire, et exploiter leur main-d’œuvre au moindre coût. Dans ce cas, les agresseurs «oublieront» qu’ils sont venus pour établir la démocratie, la liberté et les droits humains. Et leurs citoyens oublieront également, pourvu que leurs conditions de vie se maintiennent ou s’améliorent, par l’intermédiaire de l’exploitation des peuples envahis. Le tout est commis au nom de la «civilisation» contre la «barbarie», de la «bonne» religion contre celle «diabolique», au nom des «droits humains» contre les dictatures.
Ces entreprises impérialo-néo-colonio-sionistes sont possibles, autrement dit légitimées aux yeux des citoyens de ces pays, uniquement en disposant d’un bouc émissaire, d’un ennemi incarnant «Le Mal». Là, aussi, le scénario n’est pas original : depuis l’antiquité, l’ennemi à combattre, c’est la «barbarie» et ses «croyances» absurdes, quand pas «criminelles». Selon les époques et les protagonistes, le discours propagandiste prendra des aspects divers. Nous l’avons déjà dit, les deux plus récents et plus significatifs furent les juifs et leur thorah, remplacés actuellement par les musulmans et leur coran.
Mais, aujourd’hui, un certain progrès des consciences humaines a rendu difficile de se limiter à accuser un autre de méfait culturel et religieux. Il faut aussi qu’il commette des actes violents capables de scandaliser les consciences. Et voilà le terrorisme islamique qui arrive à propos. Alors, l’amalgame est possible aux yeux des citoyens manquant d’information, entre, d’une part, musulmans et leur coran, et, d’autre part, le terrorisme qui s’en réclame. Seulement, on veille à ne pas préciser que ce terrorisme massacre infiniment plus de… musulmans que de chrétiens et de juifs. C’est que, pour les idéologues impérialo-néo-colonio-sionistes, le meurtre de milliers de musulmans assassinés (par la quadruple action des armées impérialistes, néocolonialistes, sionistes et d’organisations terroristes «islamiques») ne vaut pas un appel, contrairement à l’assassinat (par des individus) de quelques chrétiens et/ou juifs, comme on le constate en lisant l’ultime appel «Contre le néo-antisémitisme». Et, comme par hasard, l’antisémitisme est évoqué chaque fois que l’armée israélienne massacre des Palestiniens, accusés de terrorisme. Quant au terrorisme d’Etat israélien, pour ces dénonciateurs de l’«antisémitisme», il n’existe pas, quoique des Israéliens honnêtes affirment le contraire(3).
Est-il alors nécessaire d’accéder aux documents confidentiels des services secrets des gouvernements impérialo-néo-colonio-sionistes pour comprendre qu’ils sont les réels tireurs de ficelles des groupements terroristes «islamiques» ? Et faut-il disposer des mêmes documents pour comprendre qui paye et entretient la «gloire» médiatique des harkis «intellectuels» originaires de peuples agressés ou programmés pour l’être ?
Notons que ces derniers n’appartiennent pas uniquement à l’Algérie. Dans la partie précédente, j’ai cité le Franco-libanais Amine Maalouf. Voici, à présent, un Egyptien ayant acquis la nationalité italienne. Précisons qu’en Italie, il est journaliste et réputé «spécialiste» de l’islam et des pays arabes. A son sujet, j’écrivais :
«A l’occasion de la Pâques de 2008, transmise en vision mondiale, le nouveau pape Benoît XVI a personnellement baptisé un représentant de l’intégrisme antimusulman : Magdi Allam. Il s’est distingué pour avoir mis en discussion l’existence d’un islam modéré et pour avoir motivé son choix de passer de la foi musulmane à celle catholique en affirmant publiquement : ‘‘Mon esprit s’est affranchi de l’obscurantisme d’une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, la mort violente qui induit à l’homicide et au suicide, l’aveugle soumission et la tyrannie, en me permettant d’adhérer à l’authentique religion de la Vérité, de la Vie et de la Liberté. Dans ma première Pâques de chrétien, je n’ai pas découvert seulement Jésus, j’ai découvert pour la première fois le vrai et unique Dieu, qui est le Dieu de la Foi et de la Raison. (…) La racine du mal est innée dans un islam qui est physiologiquement violent et historiquement conflictuel.’’(4) Bien entendu, libre à chacun de changer de religion. Mais pour quel motif le chef de l’Eglise catholique a donné une telle publicité à cette conversion d’une personne dont les déclarations publiques sont d’un tel fanatisme hostile envers une religion, au point de confondre l’interprétation de l’islam de la part d’une minorité d’extrémistes avec l’ensemble de cette religion ? Ce langage ne ressemble-t-il, ou, plus exactement, n’est-il pas identique à celui des catholiques, qui dominait durant les guerres civiles religieuses au Moyen-Age européen ? Quel en fut la conséquence la plus significative ? N’est-ce pas le massacre de la Saint-Barthélemy ?»(5)
Ainsi, dans les propos de l’Egypto-italien Magdi Allam, remplacez «islam» par «hébraïsme» et vous avez exactement un discours d’un incitateur de l’époque des croisades ou d’un idéologue nazi. Joseph Goebbels aurait donné une médaille à la capacité propagandiste de ce «journaliste», pour ensuite, en bon «catholique», mais nazi que Goebbels prétendait être, lui faire subir le sort de ceux qu’il considérait une «race sémitique».
Ainsi, les peuples qui ont le tort de posséder des ressources naturelles stratégiques, il est donc nécessaire, pour s’emparer de celles-ci, de recourir à l’antique et sempiternelle méthode : les diaboliser, les barbariser (pour employer un néologisme), au point de rendre légitime leur massacre. A notre époque, vu la disparition du «communisme», il a fallu créer des organisations qui se réclament de… l’islam ! Il n’était pas indispensable de chercher les preuves concernant leurs fournisseurs d’argent, de formation, de logistique et d’argent : il suffit de savoir à qui profite le plus le crime. La encore, l’histoire enseigne : la caste wahhabite fut installée au pouvoir grâce à l’aide des services secrets britanniques, et elle est demeuré à ce pouvoir grâce aux accords de cette caste avec l’oligarchie des Etats-Unis : pétrole à bas prix en échange de protection militaire.
Dès lors, devient clair un fait qui semble inexplicable : la coïncidence d’intérêt entre les tireurs de ficelles (impérialistes-néo-colonialistes-sionistes), d’un côté, et, de l’autre, les marionnettes (organisations minoritaires extrémistes et violentes se réclamant du prétendu «pur» islam). Pas mal comme stratégie : faire massacrer les musulmans par des prétendus «vrais» musulmans, d’une part, et, d’autre part, dénoncer cette violence terroriste comme étant causée par le coran !… Là encore, le scénario est resté inchangé : diviser pour régner. Ajoutons à cela la machiavélique «cerise sur le gâteau» : quelques dizaines (mais pas plus !) de citoyens assassinés dans les pays agresseurs par des individus ou organisations se réclamant de l’islam, et le tour est joué ! Le coran et ses musulmans : voilà «Le Mal Absolu» à abattre !
Or, que montre la réalité actuelle ?… En considérant les trois religions monothéistes, le nombre d’extrémistes violents et meurtriers se réclamant de leurs religions respectives est infiniment minoritaire par rapport à la grande majorité des personnes qui vivent leur foi de manière pacifique et conviviale. Certes, cette minorité est très agissante, donc très médiatisée, contrairement à la conception tolérante et conviviale(6). Dès lors, peut-on mettre tous les croyants dans le même sac, à moins de viser à justifier le «choc des civilisations», et, donc, légitimer les guerres d’agression impérialo-sionistes ?
Désormais, les personnes correctement informées savent que l’extrémisme islamique actuel, y compris sa tendance apparemment pacifique (l’organisation des «Frères musulmans») est le produit direct, mais non avoué, du M16(7), service secret britannique, et de la CIA(8). Voici la vérité :
«FIA : Ne craignez-vous pas d’apporter de l’eau au moulin de la vague islamophobe en focalisant vos recherches sur les activités d’organisations extrémistes salafistes ou les Frères musulmans ?
J.-L.I. : Non. Je suis athée et je ne crois pas en un quelconque sauveur suprême. Je respecte les croyants si leur foi peut les aider à franchir des moments difficile ou éviter la mort, du moment qu’ils n’essaient pas d’imposer leur croyance. Concernant les pays arabes, je dénonce la collusion entre les Frères musulmans et les dirigeants occidentaux avec d’autant plus de fermeté que cette organisation est la collaboratrice des puissances colonialistes depuis les années 1940. Comme vous le savez, après avoir collaboré avec les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants de cette organisation financée par les dictatures du golfe Persique sont devenus les idiots utiles de services occidentaux, principalement étasuniens, anglais et français. Ils sont aujourd’hui la principale organisation collaborant avec l’axe de la mort Washington-Londres-Paris qui met le monde arabe en pièces pour s’approprier ses richesses. Une nouvelle fois, la religion sert de prétexte pour diviser les peuples.»(9)
On vient, finalement, de connaître l’aveu de la bouche même d’un chef suprême de harkis. Le nouvel homme fort du régime saoudite, le prince héritier Mohammed Ben Salman, durant sa visite officielle aux Etats-Unis, a déclaré dernièrement au journal Washington Post ceci en substance : les financements de mosquées et d’écoles religieuses (madrassate) à l’étranger avaient pour cause, durant la Guerre froide, de satisfaire l’exigence des «alliés» (occidentaux, principalement les Etats-Unis) pour empêcher l’Union soviétique d’influencer idéologiquement les peuples musulmans, en somme contenir la diffusion du «Mal communiste». Que par la suite, une fois ce dernier disparu, les gouvernants saoudiens auraient perdu de vue ce but, et maintenant, déclara Ben Salmane, «nous devons tout reprendre». Ce prince, enfin, précisa que les subventions viennent maintenant principalement de «fondations» établies en Arabie Saoudite, plutôt que du gouvernement. Sachant que rien n’est possible dans ce pays sans le consentement du gouvernement, on comprend.
Ainsi qu’on le constate, il faut savoir examiner les faits socio-historiques dans leur contexte général réel, les analyser de manière concrète et objective, détecter les enjeux en conflit, notamment ceux inavoués, et, surtout, les considérer dans la lutte continuelle entre dominateurs-exploiteurs contre dominés-exploités, et cela, quelles que soient les croyances religieuses ou laïques. Pour y parvenir, il faut absolument veiller à reconnaître clairement à qui sert, en définitive, une production intellectuelle : aux dominateurs-exploiteurs ou aux dominés-exploités ? Ne pas en tenir compte, c’est risquer de faire le jeu des premiers au détriment des seconds. Pour les naïfs des peuples agressés ou à agresser, c’est être le dindon de la farce, qui deviendra une tragédie, où le «dindon» sera carbonisé par un missile. Voilà le raisonnement qui détermine la distinction entre harki «intellectuel» et intellectuel réellement libre, tout en étant solidaire avec les «damnés» de la terre, lesquels ont encore à dire et à lutter pour leur dignité. Ce n’est pas la «fin de l’histoire», comme l’a désiré un autre harki, citoyen étatsunien d’origine japonaise, Francis Fukuyama(10), mais sa continuité de résistances et de luttes pour une humanité libre et solidaire.
K. N.
[email protected]
(1) A ne pas confondre avec son frère aîné Hassan Albanna, fondateur de l’organisation fondamentaliste des Frères musulmans. Voir http://www.lematindz.net/news/25036-musulman-et-laicite.html
(2) Librement accessible sur internet
(3) Lire l’article de Gideon Levy, publié dans le quotidien Haaretz, Gaza : «Cela s’appelle un massacre», https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2018/04/02/gaza-cela-sappelle-un-massacre/
(4) Lettre publiée partiellement sur l’un des principaux quotidiens de la péninsule italienne, Il Corriere della Sera, dont l’auteur est vice-directeur, et publiée entièrement sur le site de l’auteur http://www.magdiallam.it/node/4144, visité le 27 mars 2008
(5) Kadour Naïmi, « La guerre, pourquoi ? La paix, comment ?…», librement accessible ici : http://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits.html
(6) Voir mon article http://www.lematindz.net/news/25036-musulman-et-laicite.html
(7) Voir http://www.voltairenet.org/spip.php?page=recherche&lang=fr&recherche=Fr%C3%A8res+Musulmans&x=0&y=0
(9) Jean-Loup Izambert, journaliste d’investigation indépendant : «Il faut briser le mur du silence imposé par les puissances occidentales», in https://reseauinternational.net/syrie-jean-loup-izambert-il-faut-briser-le-mur-du-silence-impose-par-les-puissances-occidentales/
(10) Lequel a simplement plagié un scénario inventé par Hegel : voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Fin_de_l%27histoire
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