L’idéologie consumériste atteint son apogée pendant le Ramadhan
Par Sid-Ahmed Belhouari – Le mois de Ramadhan approche à grande vitesse et les ménages algériens se préparent comme ils peuvent, chacun à sa manière, pour aborder ce mois sacré, mois d’abstinence et de transcendance qui est pourtant devenu, depuis plusieurs années, le mois de la surconsommation, du gaspillage et d’adoption de cette «idéologie consumériste».
Le paradoxe est saisissant. Chez de nombreux foyers algériens, le mois de Ramadhan rime désormais avec la hausse considérable des dépenses, consommation à outrance, gabegie, achats de produits futiles, etc. Ces coutumes qui ne font pas partie de la philosophie de nos aïeux ont été adoptées et normalisées, hélas, par nos contemporains pratiquants, en dépit du fait que la quasi-totalité des musulmans maîtrisent parfaitement l’objectif du Ramadhan et son sens profond qui consiste à cultiver chez l’individu le dépassement, la maîtrise de soi et l’autodiscipline.
Devant un tel non-sens, il est grand temps de commencer par une condamnation générale du gaspillage et une sensibilisation des Algériens afin de corriger l’erreur si loin de la véritable finalité du Ramadhan.
L’irrationalité en matière de consommation
Selon l’Office national des statistiques (ONS), les ménages algériens consacrent en moyenne annuellement 42% de leur budget de consommation à l’alimentation. Mais, durant le Ramadhan, environ 60% de leurs appointements partent dans des achats liés au mois sacré, principalement la nourriture. De ce fait, tout le monde s’accorde à dire que le gaspillage est bien le fait du citoyen.
C’est l’esprit même du Ramadhan qui est dévoyé par cette profusion de nourriture. Dans l’islam, les excès sont interdits durant toute l’année et encore plus pendant le Ramadhan. Or, beaucoup d’entre nous font le contraire, loin de l’esprit originel de ce mois dédié à un retour aux valeurs essentielles. Ce constat alarmant est pourtant observable dans la majorité des foyers musulmans qui doit être pris à bras-le-corps par chaque acteur de notre société susceptible d’apporter sa contribution, en prêchant la bonne parole auprès des siens afin d’éviter qu’une bonne partie des provisions alimentaires finisse à la poubelle, puisque les quantités achetées sont souvent supérieures aux besoins réels.
Il est vrai que le jeûne accentue les désirs et incite les croyants à faire des achats compulsifs mais le message divin est clair. Cependant, il ne semble pas avoir d’écho au sein des pratiquants. Il est urgent d’intégrer dans nos mœurs les notions rudimentaires liées à la rationalité, à la rigueur, à l’économie, à la raison et la sagesse qui ont fait notre force dans un passé pas si lointain.
Les conséquences de la surconsommation
Force et de constater que le mode de consommation disproportionné et boulimique des ménages durant le mois de Ramadhan provoque l’inévitable inflation, pénalisant les foyers les plus modestes, du fait que la hausse des prix est corrélée de manière directe avec l’offre et la demande, règle immuable depuis la nuit des temps. La spéculation atteint également ses limites et ceux qui en profitent le plus, ce sont bien les grandes et petites enseignes commerciales, en particulier l’industrie agroalimentaire qui double, voire triple son chiffre d’affaires grâce aux jeûneurs.
En effet, le sentiment de faim occasionné par le jeûne attise les appétits et rend les pratiquants vulnérables face à toutes les annonces et les slogans publicitaires. Cette pratique irrationnelle met à mal les efforts consentis par l’Etat algérien en matière de subvention de produits de première nécessité.
Face à cette problématique, il est temps de mobiliser tous les acteurs de notre société capables de transmettre un message positif et de mettre en garde contre ce fléau qui dure depuis plusieurs années. Un geste patriotique de nos concitoyens, comme jadis, est plus que nécessaire.
S.-A. B.
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