L’arme économique
Par Mrizek Sahraoui – Redoutable et efficace, avec des répercussions immédiates, bien plus ruineuse qu’une arme de guerre, et celui qui la détient impose sa loi, c’est la règle. Voilà le contexte cauchemardesque auquel font face certains pays européens, notamment la France, à nouveau cible, ce samedi, d’attentats terroristes à bas coûts – deux morts dont l’assaillant et deux blessés graves –, et Allemagne après la sortie des Etats-Unis de l’accord de Vienne, signé en juillet 2015. Mais c’est également l’exploit – de clouer au pilori ses amis – que vient personnellement de réussir avec brio, sans dommage, ni fracas, le président américain, mettant ses «alliés» européens dans une posture, à court et moyen terme, intenable, si, comme l’a-t-il promis, il mettait à exécution ses menaces de sanctionner durement toute entreprise appelée à commercer avec l’Iran, naguère nouvel eldorado des entreprises françaises.
Un scénario inimaginable voilà quelques jours, quand Emmanuel Macron, reçu à Washington en grande pomme et au son du tambour battant médiatique, affichait son enthousiasme devant les caméras. C’était il y a trois semaines.
L’économie européenne n’est pas des plus florissantes, et les populations attendent désespérément beaucoup plus que des promesses. Ainsi, les menaces de Trump à l’encontre de l’Iran et son corollaire – le potentiel impact sur les entreprises européennes (25 milliards d’euros investis en Iran) – ne sont pas de nature à rassurer l’Europe en proie à un chômage endémique, avec un nombre de chômeurs bien plus supérieur à celui des Etats-Unis, et surtout à celui des pays émergents.
Emmanuel Macron, qui a misé sur sa supposée capacité de persuasion – un pari à haut risque eu égard à la nature difficile à cerner de son hôte –, et Angela Merkel sont conscients des préjudices potentiels. Ce qui explique le branle-bas de combat et (leur) mobilisation de ces derniers jours pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire iranien. D’ailleurs, une rencontre au sommet – de la dernière chance ? – est prévue mardi prochain, à laquelle devrait participer, outre le président français et la chancelière allemande, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, en tournée, depuis samedi 12, en Chine, en passant par la Russie pour atterrir à Bruxelles où il sera reçu par la nomenklatura européenne, un périple au terme duquel, logiquement, on aura une idée précise sur ce que sera l’avenir de l’accord après qu’il a été déchiré par Donald Trump.
Si l’Union européenne se démène et fait des pieds et des mains pour sauver l’accord de Vienne, alors l’argent, le nerf de la guerre et des va-t-en guerre, motif de tous les conflits, pourrait être la solution au désastre qui s’annonce, ainsi, l’arme économique aura, indirectement, sauvé l’humanité.
M. S.
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