Réconciliation intercoréenne : Pyongyang annule une rencontre avec Séoul et avertit Washington
Par Sadek S. – La Corée du Nord a menacé ce matin d’annuler le sommet prévu le mois prochain entre Kim Jong-un et Donald Trump si Washington essayait de la contraindre à renoncer unilatéralement à son arsenal nucléaire. Si l’Administration du président américain «nous met au pied du mur et exige unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire, nous n’aurions plus d’intérêt pour des discussions et nous devrions reconsidérer la question de savoir s’il faut accepter le sommet à venir entre la Corée du Nord et les Etats-Unis», a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères, Kim Kye Gwan, cité par l’agence officielle KCNA.
Washington demande «la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible» de la Corée du Nord. Lors d’un sommet intercoréen rarissime le mois dernier à Panmunjom, village de la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule, M. Kim et le président sud-coréen Moon Jae-in ont réaffirmé leur engagement pour la «dénucléarisation totale» de la péninsule.
Mais cette formule est sujette à interprétation et le Nord n’a toujours pas rendu publiques les concessions éventuelles qu’il propose. «Nous avons déjà exprimé notre disposition à établir une péninsule coréenne dénucléarisée et déclaré maintes fois que les Etats-Unis doivent mettre un terme à leur politique hostile envers la Corée du Nord et à leurs menaces nucléaires comme conditions préalables», a dit le ministre adjoint. Par le passé, Pyongyang a exigé le retrait des troupes américaines déployées au Sud pour protéger Séoul de son voisin, de même que la fin du parapluie nucléaire américain sur son allié.
Dans la foulée, la Corée du Nord a décidé d’annuler sa participation à des pourparlers intercoréens de haut niveau prévus dans la journée. Pyongyang avait qualifié dans la matinée de «provocation» la tenue de nouvelles manœuvres militaires américano-sud-coréennes. De son côté, le ministère sud-coréen de l’Unification a jugé «regrettable» cette décision unilatérale, la jugeant contraire à l’esprit de la Déclaration de Panmunjom, signée le 27 avril par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in.
Les deux parties avaient prévu de se rencontrer ce matin dans le village frontalier de Panmunjom pour mettre en œuvre ladite déclaration. Mais l’agence officielle de la Corée du Nord, KCNA, a vivement dénoncé la tenue des exercices aériens américano-sud-coréens Max Thunder 2018, accusant Washington et Séoul de «jouer avec le feu». Washington ferait bien de réfléchir au sort du prochain sommet prévu le 12 juin à Singapour entre Kim Jong-un et le président américain Donald Trump, a-t-elle averti.
Peu après cette annonce, le Département d’Etat américain a indiqué qu’il continuait de préparer le sommet de Singapour et qu’il n’avait pas été informé par Pyongyang ou Séoul d’un quelconque changement. Selon KCNA, les exercices Max Thunder, qui mobilisent plus de 100 appareils de combat du 11 au 25 mai, dont des bombardiers stratégiques B-52 et des avions de chasse furtifs F-22 Raptor, visent à lancer des frappes préventives sur la Corée du Nord et à prendre le contrôle de l’espace aérien. Le ministère sud-coréen de la Défense a indiqué dans un communiqué que ces exercices se dérouleraient comme prévu et qu’ils étaient destinés à améliorer les capacités des pilotes et non à préparer une attaque.
S. S.
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