Restaurant interdit aux Arabes à Paris : les autorités ouvrent une enquête
Par R. Mahmoudi – Jacques Toubon, défenseur des droits, une autorité administrative française indépendante, a annoncé «se saisir d’office» sur les discriminations systématiques contre «les Arabes et les femmes voilées» d’un restaurant parisien, révélées par le site d’investigation BuzzFeed, repris aussitôt par notre site.
Le défenseur des droits a diligenté une enquête après avoir «pris connaissance par voie de presse d’allégations de discrimination dans un restaurant parisien», qui refusait les clients «d’origine maghrébine, africaine et les femmes portant le voile», a-t-il annoncé vendredi, cité par l’agence AFP.
D’après l’enquête publiée par le site BuzzFeed, ce restaurant huppé du VIIIe arrondissement de Paris, appelé «L’Avenue», et appartenant à un richissime homme d’affaires, ferme systématiquement ses portes aux Arabes et aux femmes voilées. La direction a mis en place «un véritable système discriminatoire en plusieurs étapes», souligne l’auteur de l’enquête.
Selon le témoignage d’anciens employés des lieux et des changes obtenus par le site, la hiérarchie leur faisait régulièrement passer la consigne de ne prendre aucune réservation de personnes au nom «d’origine arabe» ou de touristes venant du Moyen-Orient, citant quelques pays, dont l’Arabie Saoudite et le Qatar. Aussi ont-ils comme consigne de n’autoriser aucune femme voilée, en faisant croire que le restaurant est complet. «Quand les clients arrivent et qu’on s’aperçoit qu’ils viennent du Moyen-Orient ou que ce sont des femmes portant un voile, on les refuse en cachant leur réservation sur le cahier et en leur disant que c’est complet», révèle encore une ancienne employée.
Il reste à savoir ce que signifie cette célérité avec laquelle les autorités ont réagi à cette information, dans un contexte marqué par une montée sans précédent de la xénophobie et de l’islamophobie en France, appuyée par des hommes politiques de premier rang. Sous prétexte de lutte contre les actes antisémites, suite à l’assassinat, fin mars dernier, d’une vieille femme d’origine juive dans son appartement, l’appel «contre le nouvel antisémitisme», signé par 300 personnalités, met en cause toute une communauté, les musulmans de France, dans la situation actuelle, tout en accusant le Coran d’inciter à la haine du juif.
Récemment, l’ancien Premier ministre Manuel Valls a appelé au renvoi des imams étrangers, dont une centaine d’Algériens affectés par le ministère des Affaires religieuses, en demandant à ce que la France forme ses propres cadres religieux.
Certains membres de l’actuel gouvernement, comme le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, s’est distingué par des sorties tout aussi hostiles envers les femmes voilées notamment, pendant que le président Emmanuel Macron promet de réorganiser «l’islam de France» dans un sens qui puisse le prémunir des «dérives extrémistes».
R. M.
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