Ni valeurs ni avenir
Par Mrizek Sahraoui – L’Europe et (ses) valeurs se conjuguent désormais au passé quoi que dise ou fasse, à l’avenir, Emmanuel Macron duquel beaucoup était attendu sur la question européenne car, alors candidat, il s’en fut enorgueilli de jouer la bonne partition pour (la) remettre sur les rails.
A cela une multitude d’exemples pour illustrer l’impéritie d’un président – éternel candidat – qui a mis tous ses œufs dans le même panier, celui comme disait Molière : «Le vide se cache souvent derrière le vernis d’un langage – d’une communication – savant(e).» Mais jusqu’à quand.
L’Europe est faible et sur tous les plans : économie claudicante et dépendante de l’humeur de Wall Street ; diplomatie atone et aphone ; militairement tributaire de l’Otan et de l’allié américain, calculateur et manipulateur de plus en plus soucieux de ses propres intérêts au détriment d’une Europe qui ne sait même pas qu’elle patauge.
L’union de façade, affichée lors du sommet UE-Balkans, tenu à Sofia (Bulgarie) le 17 mai dernier, est révélatrice du degré d’impuissance de l’UE face à l’Amérique égoïste. Cette rencontre, lors de laquelle devait être évoquée l’improbable adhésion des pays des Balkans occidentaux – l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, Monténégro, la Macédoine et le Kosovo – à la communauté européenne de plus en plus circonspecte, voire franchement réticente à l’idée d’un nouvel élargissement – les opinions européennes étant très hostiles –, s’est transformée en un exercice de catharsis par lequel, dans un contexte de crises multiformes et multidimensionnelles, les dirigeants européens, collectivement responsables du délitement de l’Europe, tentent de se libérer et de se soulager de leur culpabilité.
Au sud, en Italie, un gouvernement, constitué de populistes et de nationalistes purs et durs, est en voie de prendre les manettes de la 3e puissance économique européenne. Et c’est la boîte de Pandore qui s’ouvre, invitant tous les populistes et nationalistes européens à s’unir pour la juste cause, celle qui a failli (r)envoyer l’Europe au moyen-âge.
Côté valeurs, ce n’est guère mieux. Une fillette kurde de deux ans est décédée par balle, jeudi dernier, en Belgique, après une course-poursuite entre la police, qui a nié sa responsabilité dans un premier temps, et des migrants non armés et sans défense.
Ni valeurs ni avenir, l’Europe va dans le mur, les yeux ouverts.
M. S.
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