Forfaiture européenne
Par Sadek Sahraoui – L’alerte donnée hier par le Front Polisario par rapport à l’intention de Bruxelles de contourner, dans ses négociations avec le Maroc d’un nouvel accord de pêche, les arrêts rendus par la Cour de justice européenne concernant le dossier du Sahara Occidental, est à prendre très au sérieux. Si la communauté internationale ne se mobilise pas dès maintenant pour veiller à ce que le futur accord UE-Maroc dans le domaine de l’agriculture et de la pêche respecte dans l’esprit et dans la lettre la légalité internationale, il est fort à parier que l’actuelle Commission européenne n’hésitera pas à violer toutes les lois du monde pour offrir sur un plateau le Sahara Occidental au Maroc.
Les signes avant-coureurs de cette forfaiture européenne sont nombreux. Comme le signale Mohamed Sidati, le représentant du Front Polisario en Europe, l’adoption par les membres de la Commission européenne de la terminologie marocaine dans ce dossier précis est la preuve patente que Bruxelles a déjà vendu le match aux Marocains. Il est évident que les Français – et probablement aussi les Espagnols qui sont spécialistes du double discours – sont derrière la manœuvre. Mais les Français, c’est sûr ! Ils sont les protecteurs patentés de la moyenâgeuse monarchie alaouite et de ses intérêts. Des intérêts qui convergent grandement avec les leurs.
La France n’a-t-elle pas, d’ailleurs, par le passé laissé Hassan II assassiner en toute impunité ses opposants, bombarder le Rif, accaparer les richesses du Maroc, séquestrer des citoyens français et transformer le royaume en un vaste bagne rien que pour conserver ses privilèges dans le pays ? Paris a même fait plus pour que la monarchie ne s’effondre pas, y compris prendre le risque de déstabiliser la région. Plusieurs décennies après la mort de Hassan II, le communiqué rendu public lundi soir par le représentant du Front Polisario apporte la preuve que la France n’a pas changé de regard à l’égard du Maroc et du Maghreb. La région n’a jamais été autant en danger.
S. S.
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