Des diplomates étrangers expliquent pourquoi le Maroc a accusé l’Algérie
Par R. Mahmoudi – Des diplomates occidentaux et arabes, interrogés par le quotidien français Le Monde, ont confié que les accusations portées par Rabat contre Alger et le Hezbollah sont «une invention totale des Marocains».
Ainsi, un diplomate occidental à l’ONU assure n’avoir aucune «information renversante» sur le sujet. «Il peut s’agir, souligne-t-il, d’une volonté de rendre la politesse à Washington après le geste américain en faveur du Maroc dans le cadre de la dernière résolution sur le Sahara Occidental, tout cela dans un contexte où les tensions régionales et locales sont exacerbées et poussent partout à des reconfigurations.»
Un diplomate arabe, s’exprimant lui aussi sous couvert d’anonymat, est persuadé qu’il s’agit d’«une invention totale des Marocains», qui sont, selon lui, «capables de trouver le moindre prétexte pour refuser de se rendre à la table des négociations». Le diplomate rappelle qu’il y a deux ou trois ans, «Rabat avait déjà accusé le Polisario d’entretenir des liens avec Al-Qaïda». Selon lui, cette crise diplomatique «permet au royaume de faire plaisir à ses parrains du Golfe, les Saoudiens et les Emiratis, et d’aller dans le sens du nouveau conseiller à la sécurité nationale…».
Par ailleurs, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a réitéré ses accusations contre l’organisation chiite libanaise, en mettant en cause l’ambassade d’Iran à Alger, et notamment son attaché culturel, auquel il attribue des pouvoirs «bien plus importants» que ceux de l’ambassadeur lui-même.
Dans une déclaration à la chaîne américaine diffusée mercredi, le chef de la diplomatie marocaine, soucieux de montrer la totale coopération de son gouvernement avec Washington, revient avec une version cousue de fil blanc. Il annonce que les autorités de son pays avaient arrêté, il y a une année, un «haut cadre» du Hezbollah soupçonné d’être «le principal financier du Hezbollah en Afrique, chargé du blanchiment d’argent», avant de le remettre aux autorités américaines qui le recherchaient, selon lui.
Bourita explique que le Hezbollah aurait, alors, menacé le Maroc de représailles pour libérer son «agent», et depuis cette date, l’organisation libanaise a décidé d’armer le Polisario pour menacer le Maroc.
R. M.
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