Qui est derrière l’interdiction d’un concert de musique raï à Béjaïa ?
Par Rabah A. – La direction de la maison de la culture Taos-Amrouche de la ville de Béjaïa vient d’annuler la programmation d’uns soirée musicale prévue samedi prochain, sous la double pression des autorités locales et de nombreux internautes qui menaient campagne depuis quelques jours pour appeler au boycott de ce gala sous prétexte qu’il est animé par des «chanteurs de cabarets», synonymes pour eux d’«impureté» et de «dissolution des mœurs». Certains internautes ont même appelé à empêcher la tenue de cette soirée prévue avec le chanteur Cheikh Mamidou.
Dans une communiqué rendu public et dont nous détenons une copie, la direction de la Maison de la culture a confirmé l’annulation dudit spectacle, mais en donne une autre justification. Le communiqué évoque une programmation effectuée par une agence de production, New Life, «sans autorisation préalable» de la direction de l’établissement.
D’aucuns à Béjaïa contestent cette nouvelle forme d’intolérance qui semble, curieusement, bénéficier du soutien d’un large éventail de la classe dirigeante, y compris des assemblées élues, et estiment que ce genre de campagne fait, indirectement, le jeu des salafistes. Ces derniers ont, pour rappel, déjà réussi, il y a trois années, à faire annuler tous les spectacles nocturnes sur l’esplanade de la même Maison de la culture, sans aucune réaction des autorités ou de la société civile locale.
Selon nos informations, un groupe de nervis salafistes s’activent ces jours-ci pour obtenir des autorités l’annulation des soirées chaâbi organisées chaque année durant le mois de Ramadhan sur la terrasse d’un café populaire en haute-ville, sous prétexte que cette activité parasiterait le bon déroulement de la prière dans une mosquée mitoyenne. Argument fallacieux, puisque, d’après nos sources, ces soirées sont organisées bien après la prière des tarawih.
R. A.
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