Détentions arbitraires de journalistes sahraouis : Adala UK tire la sonnette d’alarme
L’organisation basée à Londres qui se consacre aux droits de l’Homme au Sahara Occidental occupé, Adala Uk, s’est dit «extrêmement préoccupée» par l’ampleur des intimidations et de détentions arbitraires marocaines contre des journalistes sahraouis. Dans un dernier rapport publié cette semaine, l’ONG a relevé que les autorités marocaines poursuivent leurs attaques contre les journalistes afin de les empêcher de signaler les violations des droits de l’Homme commises par les forces marocaines dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
Adala Uk cite en exemple le cas du journaliste sahraoui Laaroussi Ndor, arrêté le 2 mai 2018, et privé de son droit d’avoir une représentation légale et du droit de contacter sa famille. Avant même son arrestation, au cours des dernières années, Laaroussi a été harcelé et menacé par la police marocaine et a été victime de violences policières, notamment après avoir assuré la couverture médiatique du procès injuste des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik. Pendant sa détention, le journaliste a été torturé et forcé à signer des aveux sous la torture.
Le 21 mai, Laaroussi a été condamné à trois mois de prison. La journaliste sahraouie Salha Boutinguiza a été, à son tour, arrêtée pendant qu’elle couvrait le procès de Laaroussi. Adala UK souligne que les autorités marocaines savent que les journalistes sahraouis sont «souvent la seule source d’information sur les violations des droits de l’Homme par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara Occidental», les médias internationaux et les observateurs étant fréquemment privés d’accès dans la région.
Afin de les faire taire et de les empêcher de mettre à nu les dépassements marocains, Rabat cible systématiquement les journalistes sahraouis, affirme Adala UK. «Les journalistes sahraouis, pour la plupart autodidactes et travaillant avec peu de ressources, sont dans une position extrêmement vulnérable et sont persécutés, soumis à des arrestations et à des détentions arbitraires et poursuivis pour des accusations criminelles falsifiées et condamnés sur la base d’aveux faits sous la contrainte et même la torture», dénonce l’organisation. Elle rapporte que d’autres journalistes sahraouis purgent actuellement des peines de prison en raison de leur activisme médiatique, tels que Salah Eddine Bassir, Al-Mohamed Salem Meyara et Mohamed El-Gomai. Les deux derniers sont en grève de la faim depuis le 2 mai pour protester contre «les traitements inhumains» dont ils sont victimes et l’acharnement marocain contre les journalistes sahraouis.
Adala UK note que les journalistes les plus ciblés sont ceux qui couvrent les manifestations revendiquant l’indépendance du Sahara Occidental et celles qui contestent l’exploitation illégale des ressources naturelles des territoires occupés par le Maroc. «En l’absence d’autres mécanismes de surveillance des droits de l’Homme, les journalistes sahraouis sont la principale source d’information et de documentation sur les violations des droits de l’Homme commises dans les territoires occupés du Sahara Occidental», a souligné l’ONG. Ces journalistes risquent leur sécurité et liberté pour filmer et partager des vidéos de manifestations pacifiques et de répression policière contre des civils sahraouis, poursuit le rapport.
Adala Uk a exhorté le gouvernement marocain à libérer tous les journalistes sahraouis, les militants politiques et les défenseurs des droits de l’Homme, détenus arbitrairement.
R. I.