Quand les avions de Dassault larguaient leurs bombes au napalm en Algérie
Par R. Mahmoudi – Toute la France officielle a rendu hommage et «pleuré» l’industriel de l’armement numéro un et l’ami des présidents, Serge Dassault, mort dimanche dernier. D’Emmanuel Macron à François Hollande, en passant par Manuel Valls, tous les hommes politiques français ont salué la mémoire d’un homme de «conviction» et d’un «grand serviteur de la France».
Or, un bref rappel du parcours de cet homme et du groupe d’aéronautique dont il a hérité suffit pour situer le rôle qu’ils ont joué dans les nombreuses guerres dévastatrices menées par l’armée coloniale française et les destructions. La présence des fameux avions Bloch, entre autres engins de la mort fabriqué par Dassault, durant la guerre d’Algérie en est un exemple édifiant. Il faut savoir que la famille Dassault s’appelait Bloch avant de changer son nom à partir de 1946.
Aussi est-il utile de rappeler que ces engins sortis des usines Dassault ont tué des milliers d’Algériens durant les événements du 8 Mai 1945, avec le bombardement continu des douars et mechtas dans l’Est algérien. Autre «exploit» à ajouter à l’actif de cet industriel et de son empire d’armement : le largage de bombes au napalm, avec 5% d’uranium pour absorber l’oxygène, sur des régions entières de Kabylie et de l’Est algérien, et qui s’est vu multiplier lors de l’opération «Jumelles», où l’état-major de l’armée française a lancé une impressionnante armada composée de 200 000 soldats, appuyée par d’incalculables escadrilles de l’armée de l’air. Ces bombes visaient à achever les combattants de l’ALN sur place puisque, s’ils ne sont pas tués par le feu, mourraient asphyxiés.
Dassault mettait ainsi ses «innovations» au service de l’armée française au moment où celle-ci venait d’obtenir les pleins pouvoirs pour démanteler les maquis algériens et mettre fin à l’«insurrection» par tous les moyens légaux et illégaux.
De toutes les armes mises en service par le groupe Dassault, les chasseurs de type Bloch MB 151 et 152, lancés à partir de 1940, furent celles qui firent plus de dégâts en Algérie. D’autres appareils dérivés, comme MB 155 et MB 157, plus robustes et plus sophistiqués, viendront prendre le relais. Les usines Dassault équipèrent également l’armée française d’avions de type Flamant (MD. 311, MD. 315, MB.311 et MB. 312). Mis en service officiellement en 1951, les Flamant seront utilisés par l’armée de l’air française durant toute la guerre d’Algérie (1954-1962).
Les MD 11 et MD 315 de l’armée de l’air française, qui sont généralement des avions d’entraînement à la navigation et au bombardement, ont été engagés lors de la guerre d’Algérie, notamment pour des missions d’attaques armées de mitrailleuses, bombes et roquettes. Quelques exemplaires ont emporté des missiles Nord SS 11, conçus en 1958 et testés en Algérie contre les positions de l’ALN.
R. M.
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