Salafistes «madkhalistes» et Frères musulmans algériens s’entredéchirent
Par R. Mahmoudi – Après avoir semé la zizanie au sein du courant traditionnaliste algérien, représenté par l’Association des oulémas, et obligé le ministre des Affaires religieuses à se positionner dans cette nouvelle guerre des sectes qui a gagné notre pays, les «fatwas» lancées par les porte-voix du salafisme dite «madkhaliste», en référence à son gourou saoudien, Rabia Al-Madkhali, divisent jusque dans les milieux fondamentalistes, et notamment chez les représentants de la confrérie des Frères musulmans.
Dans sa fatwa assassine, le chef de file des madkhaliste algérien, Mohamed-Ali Ferkous, avait logé dans la même enseigne : soufis, Ikhwan et chiites. Pour lui, les adeptes de ces trois courants religieux ont en commun de privilégier «ettahazub» (l’appartenance à un parti) qui est, selon lui, une déviation de la voie tracée par la Sunna et une perversion de l’islam originel, dont le message n’a rien d’essentiellement politique.
Si les traditionnalistes des Oulémas et des institutions officielles ne comprennent pas qu’ils soient visés par une telle attaque de la part des partisans de la salafia al-ilmiyya (salafisme quiet), prônant notamment l’allégeance naturelle aux tenants du pouvoir (awliya’ al-amr), les Frères musulmans, eux, trouvent là l’occasion d’assumer leur idéologie fondée sur la salafia al-djihadiya (salafisme djihadiste). Surpris par l’ampleur qu’a prise cette secte dans les sociétés arabes, au moment où les Frères musulmans et les différents courants djihadistes semblent en déclin, les partisans de l’islam politique se sentent acculés.
La riposte à Ferkous a été confiée au plus salafiste des Frères musulmans algériens, à savoir Hassan Aribi, député du FJD d’Abdallah Djaballah et affidé notoire du FIS. Dans un écrit posté sur son compte Facebook, Aribi qualifie le courant madkhaliste de «cancer mortifère» et «anesthésiant les esprits». Il reproche à ses promoteurs d’être toujours au service du maître et de servir de «bâton» contre les réformateurs et les prédicateurs opposés aux régimes despotiques.
Il est temps de mettre à nu cette secte «suspecte», utilisée, selon lui, par les tenants du pouvoir pour neutraliser «les vrais salafistes» qui, selon lui toujours, luttent pour la justice et la dignité, et parmi lesquels il insère les «wahhabites authentiques», dépositaires de la pensée du fondateur Mohammed Ben Abdelwahhab. Hassan Aribi accuse le madkhalisme d’être créé par des «officines gouvernementales et occidentales» en vue d’éradiquer «tout mouvement réformiste ou djihadiste susceptible d’instaurer le règne de Dieu sur terre et de permettre la poursuite de la vie islamique authentique».
Après cette violente attaque qui s’apparente à une annonce de divorce, il faut s’attendre à une riposte de Ferkous ou d’un de ses disciples dans les prochaines jours ou les prochaines heures.
R. M.
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