Humanisme tactique
Par R. Mahmoudi – La crise migratoire qui secoue l’Europe est en passe de redessiner l’avenir des relations entre pays membres de l’Union européenne, en dévoilant l’insoutenable fragilité de cette Union, qui était économique à la base, dès lors qu’il s’agit de partager un fardeau humain qui s’est avéré trop pesant pour certaines démocraties. Il n’y a qu’à voir la fébrilité qui s’est emparée des dirigeants italiens sur cette question pour s’en rendre compte. Non seulement ils ne veulent plus recevoir de migrants clandestins dans leur pays mais n’acceptent plus que d’autres Européens leur imposent la marche à suivre ou leur fassent la morale.
Les populistes italiens ont, au moins, l’avantage d’être francs sur ce dossier. Contrairement aux Français qui, en jouant sur deux cordes, risquent de tomber dans le piège qu’ils auront eux-mêmes monté. En annonçant en grande pompe leur disposition à recevoir une partie des migrants de l’Aquarius, le président Emmanuel Macron et son gouvernement cherchent à apparaître en grands humanistes, aussi courageux qu’Angela Merkel qui avait accepté d’en recevoir un million sur le sol allemand, en prenant le risque de s’aliéner une partie de l’opinion publique et d’attiser les différents courants de l’extrême-droite et xénophobes. Mais, à la différence, que Macron a, d’entrée de jeu, posé comme condition de fixer les critères qui doivent présenter les personnes susceptibles d’être reçus en France. C’est-à-dire comme dans une foire d’emploi – ou, plus exactement, dans un marché d’esclave –, on choisit les personnes dont les qualifications correspondent aux profils recherchés dans le marché du travail.
C’est, en somme, le même principe de sélection adopté par les Français dans leur politique d’immigration depuis Nicolas Sarkozy.
R. M
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