Les graves conséquences de la décision de Feraoun de couper Internet
Par Kamel M. – Des experts s’accordent à dire que la solution de facilité adoptée par la ministre Feraoun – interrompre la connexion Internet durant le déroulement du baccalauréat – aura des effets néfastes sur l’économie nationale et écornera gravement l’image de marque du pays.
Ces experts, interrogés par Algeriepatriotique, relèvent un certain nombre de conséquences graves liées au chiffre d’affaires des entreprises concernées, à la productivité des employés, au temps de reprise d’une activité normale, à la réputation de l’entreprise, au grave préjudice que subiront les clients, aux coûts faramineux induits par une telle décision et les risques qu’elle va faire peser sur la sécurité nationale.
Nos sources relèvent que le programme d’interruption de l’accès à l’Internet dû aux épreuves du baccalauréat, qui durera 11 heures, fera subir à l’opérateur public Algérie Télécom une baisse de la disponibilité de son service qui augmentera de 0,13% en 2018, si l’on ne considère que cette coupure. Par cette décision irresponsable, Algérie Télécom imputera également les entreprises, dont les opérateurs mobiles et les fournisseurs d’Internet, alors qu’elle est tenue à un engagement d’assurer un service continu.
«La continuité de service étant mesurée par un indicateur dit de « disponibilité de réseau », celle-ci se situe à 99,86% dans la plupart des pays à faible revenu, soit une heure d’interruption par mois au maximum. Dans les pays développés, l’interruption maximale acceptée est de 5,6 minutes par an, soit une disponibilité de 99,999%», expliquent nos sources. Des chiffres qui sont bien loin de la situation actuelle en Algérie.
L’interruption coûtera, en outre, 365 millions de dinars, selon une estimation issue du dernier rapport d’activité de l’ARPT, les données du CNRC et tenant compte du chiffre d’affaires réalisé en 2017. «Et cela, hors dédommagement des opérateurs de télécommunications ayant subi l’interruption d’Internet de manière unilatérale et en contradiction avec la loi et le principe de continuité de service», notent nos sources. Pour les petits opérateurs – hors opérateurs mobiles et Algérie Télécom –, la perte est estimée à 20,5 millions de dinars pour 11 heures d’interruption.
Comme si ces désagréments et ces pertes sèches ne suffisaient pas, la ministre Feraoun a commis un mensonge dans sa déclaration officielle, en affirmant que les entreprises économiques et les banques ne seraient pas touchées par cette interruption, «alors que les ISP ont tous été destinataires, dans l’après-midi d’hier seulement, d’un courrier d’Algérie Télécom les prévenant que l’Internet qui leur est fourni sera interrompu une heure avant les épreuves du baccalauréat, soit pendant 11 heures au minimum. Une situation difficilement compréhensible en 2018», s’indignent des opérateurs qui qualifient cette décision de «brutale».
Enfin, s’inquiètent nos sources, la décision d’interrompre Internet porte atteinte à la sécurité nationale, car elle augmente la vulnérabilité du pays face aux menaces cybernétiques et l’identification des cybercriminels pendant ces intervalles. En effet, sans accès à Internet, il est impossible d’identifier les auteurs de crimes ou d’infractions, tels que l’exigent la loi et l’Office national de lutte et prévention des crimes liés aux communications électroniques. «Cette situation les obligera à se familiariser avec des outils de contournement», mettent en garde les experts.
K. M.
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