Abdelghani Hamel quitte la DGSN : un changement et des interrogations
Par Karim B. – Rien ne présageait un départ aussi précipité du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) et son remplacement par le colonel Mustapha Lahbiri qui dirigeait la Protection civile. Pas plus tard que ce matin, Abdelghani Hamel faisait une déclaration sur la corruption, dans laquelle il estimait que pour combattre la pègre, «il faut d’abord être propre».
Cette affirmation, somme toute évidente, lui a-t-elle été fatale ? Y a-t-il un malaise quelque part qui eût fait interpréter ces propos comme une attaque contre des personnes précises ou un corps de métier particulier ?
De nombreux faits s’entrechoquent depuis la découverte de la cargaison de cocaïne interceptée par les garde-côtes au port d’Oran. Une tension est perceptible et les interventions de différents responsables politiques et sécuritaires et de magistrats par rapport à cette affaire qui défraie la chronique semblent cacher des éléments qui échappent à l’opinion publique.
Le garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait affirmé que personne n’échapperait à la justice dans cette affaire, «quel que soit son rang». Le directeur général de la Sûreté nationale avait été éclaboussé indirectement lorsque des médias avaient affirmé que le nom de son chauffeur principal avait été cité lors du procès. Mais la DGSN s’était empressée de préciser que le chauffeur en question était rattaché au parc de la Sûreté nationale et n’était pas spécialement lié à Abdelghani Hamel.
La déclaration du DGSN était-elle une réponse à des parties qui chercheraient à le mouiller ? Il est clair que Hamel ne parlait pas dans le vide, d’autant que c’est la première fois depuis qu’il est à la tête de la DGSN – et même avant – qu’il sort du cadre protocolaire et lance une flèche incisive vraisemblablement à ses détracteurs. Qui sont-ils ? Pourquoi lui en veulent-ils ? Tenu par l’obligation de réserve, il ne faudra pas s’attendre à des explications du très discret désormais ex-directeur général de la Sûreté nationale.
Ce limogeage inattendu épaissit davantage le brouillard qui empêche une vision claire de la situation politique qui prévaut dans le pays à quelques mois de la présidentielle de 2019.
Que se passe-t-il dans la maison Algérie ? Y a-t-il le feu ?
K. B.
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