Salut
Par Sadek Sahraoui – L’affaire des 701 kg de cocaïne saisis en mai dernier au port d’Oran fait peur, non pas parce que des réseaux de narcotrafiquants ou de narcoterroristes exercent un forcing pour s’établir en Algérie. Il est vrai que cette sombre perspective peu inquiéter, mais sans plus. Le pays est suffisamment outillé pour faire face à des telles menaces. Après tout, nos services de sécurité ont connu bien pire durant la décennie noire. Non, l’inquiétude est ailleurs. Cette affaire de cocaïne suscite de l’anxiété et parfois de la frayeur car elle lève le voile sur les niveaux atteints par la corruption. Et ce qui fait le plus peur, c’est qu’aucun secteur n’est épargné.
Les premiers éléments de l’enquête montrent en effet que les personnes mises en cause ont eu le temps de mettre en place un vaste réseau de corruption qui comprend des gens aussi importants qu’influents. C’est probablement grâce à leurs complices hauts placés que les présumés coupables ont pu faire prospérer leurs affaires et bâtir un véritable empire financier.
Il est vrai que l’affaire Khalifa et ainsi que d’autres affaires avaient déjà donné une idée sur l’ampleur du phénomène de la corruption et de la délinquance financière. Cette affaire de cocaïne montre toutefois que le problème est bien plus profond qu’il n’y paraît. L’ampleur du mal a été sous-estimée. La société est carrément gangrénée. Par endroits, la corruption est même érigée en mode de gouvernance. Et presque personne n’y échappe. Le bakchich est pour ainsi dire devenu une sorte de culture.
Dès lors, il n’est plus possible de considérer les affaires de corruption, petites et grandes, qui atterrissent régulièrement sur les bureaux de la justice, comme des actes isolés. A quoi sert-il en effet de faire à chaque tomber des têtes si en même temps l’idée qu’en Algérie rien ne peut se faire sans payer de dessous n’est pas mise à mort. Autrement dit, le défi aujourd’hui est de parvenir à faire changer de mentalité au plus grand nombre pour parvenir à mettre en place ce cercle vertueux sans lequel il n’y a point de salut.
S. S.
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