Conseils et gestion de crises : des «spin doctors» britanniques à Alger
Par Sadek Sahraoui – Le gouvernement algérien se serait fait aider par des experts britanniques en communication stratégique pour faire face aux crises politiques et sociales auxquelles a eu à faire face le pays ces dernières années. C’est l’information que rapporte l’hebdomadaire français Jeune Afrique qui s’appuie sur un article du journal The Times qui soutient en effet qu’en 2017, «une unité du Premier ministère (britannique) envoyait des spin doctors en Algérie, en Egypte ou encore en Jordanie, ex-colonie britannique, pour des services de conseil en gestion de crise». La même source révèle que les pays en question ont également bénéficié de programmes du Fonds secret britannique pour les conflits, la sécurité et la stabilité (CSSF).
L’Algérie et le Maroc ne sont pas les seuls pays maghrébins concernés par l’aide britannique. Jeune Afrique, qui consacre un long article à la question, indique que la Tunisie a eu aussi à solliciter l’aide de Londres pour faire face à des situations d’urgence. L’hebdomadaire français reprend cette fois des révélations du quotidien The Guardian sur le financement britannique d’une campagne médiatique en faveur des réformes économiques du gouvernement tunisien. La Grande-Bretagne aurait ainsi multiplié les actions de ce type depuis l’attentat de Sousse de 2015.
De quoi s’agit-il exactement ? D’après les révélations du quotidien britannique The Guardian, qui publiait l’affaire le 2 juillet, le gouvernement britannique aurait financé une agence de publicité, M&C Saatchi, pour le compte des autorités tunisiennes, afin de réaliser une campagne médiatique favorable aux réformes économiques impopulaires, encouragées par le FMI, qui avaient déclenché une vague de manifestations en janvier dernier. Le tout, dans le but d’obtenir l’adhésion de l’électorat tunisien. Pour le journal britannique, indique Jeune Afrique, l’objectif était de prévenir un éventuel soulèvement, les jeunes ayant été les leaders du mouvement social survenu au début de l’année suite à la hausse des prix et à l’introduction de nouvelles taxes.
Là encore, l’argent pour la campagne provient du CSSF. Créé sous la houlette de plusieurs institutions – telles que le ministère de la Défense, le département du Développement international, le Bureau de l’Intérieur, ainsi que le bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth – ce fonds permettrait à la Grande-Bretagne d’agir sur des territoires où la sécurité de son pays et ses intérêts internationaux sont directement menacés. Le but : «Protéger la Grande-Bretagne du terrorisme, de la corruption, du trafic et de l’immigration illégale.»
S. S.
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