Belkacem Sahli : «Le passeport biométrique sera émis dans tous nos consulats fin juin» (II)
La Syrie est en proie à une guerre civile sanglante. Combien d’Algériens qui vivaient dans ce pays sont rentrés en Algérie et combien y a-t-il encore là-bas ?
La grande majorité des Algériens est rentrée au pays dès le déclenchement de cette guerre. Quelques-uns ont néanmoins décidé de rester là-bas car il ne faut pas oublier qu’il y a des Algériens installés en Syrie depuis plus d’un siècle. Ils n’ont pas voulu laisser leurs biens et leurs affaires. Nous avons aidé ceux qui ont voulu rentrer au pays en offrant des billets d’avion gratuits en partenariat avec Air Algérie. Après la suspension des vols entre Alger et Damas, nous les avons rapatriés via Beyrouth. Un grand nombre d’Algériens ont pu retourner au pays en passant par la capitale libanaise. La situation en Syrie, comme vous le savez, est effroyable. Mais malgré cela, notre consulat – il n’en reste que cinq encore en activité en Syrie – essaie par tous les moyens de fournir tous les services possibles dans des conditions sécuritaires très difficiles. Nous espérons que la Syrie retrouvera la paix et la stabilité, et que notre communauté reprendra très bientôt une vie normale.
Où se trouvent les Algériens qui ont préféré rester en Syrie ?
Dans presque toutes les villes syriennes. Certains travaillent dans le secteur agricole et les autres dans le commerce et les services.
Comment vivent-ils au cœur de cette guerre ?
Comme tous les Syriens. Quand un pays vit une crise grave, comme par exemple une guerre civile, où il y a des groupuscules armés et des attentats, la situation est pareille pour tous.
Vous avez procédé, dernièrement, au lancement du passeport biométrique pour nos ressortissants en France. Nous recevons beaucoup de mails d’Algériens installés dans d’autres pays qui veulent savoir quand leur tour viendra…
Absolument. La question du passeport biométrique est une question très importante et je vous remercie de m’avoir posé cette question pour que je puisse, à travers votre journal, donner plus de précisions à nos ressortissants. Comme tout le monde le sait, le passeport biométrique a été lancé depuis deux ans sur le territoire national et l’Etat a voulu généraliser l’opération pour nos ressortissants à l’étranger. Le lancement a été effectué le 15 janvier 2013 au niveau de neuf centres consulaires pilotes. Sept en France, un à Tunis et un autre à Montréal. Après un mois, nous avons généralisé l’opération à tous les centres consulaires en France. Pourquoi la France ? Parce qu’environ 80% de notre communauté émigrée est installée dans ce pays. En avril, nous procéderons à la généralisation de l’opération au niveau de toute l’Europe et la dernière étape concernera les pays arabes et le continent américain. En principe, avant la fin du premier semestre 2013, tous nos centres consulaires à travers le monde pourront délivrer le passeport biométrique. Je profite de cette occasion que vous m’offrez pour lancer un appel à nos ressortissants en France pour qu’ils se rendent dans les différents centres consulaires afin d’y déposer leurs dossiers. Le dossier du passeport biométrique comporte un document très important, l’acte de naissance 12S qui nécessite quelques procédures. De ce fait, j’appelle nos ressortissants à entamer dès à présent les démarches administratives nécessaires pour l’acquisition du passeport biométrique avant la fin du délai imparti, c’est-à-dire novembre 2015, pour éviter les désagréments qui pourraient découler du dépassement de ce délai.
Le rapatriement des dépouilles mortuaires est l’une des préoccupations majeures de nos ressortissants. Votre décision de faire appel à une compagnie d’assurance ne fait pas l’unanimité. Les citoyens qui ne peuvent pas souscrire une assurance seront-ils exclus de l’opération ?
La question du rapatriement des dépouilles est un problème récurrent et il y a plusieurs manières de le résoudre. Nous avons proposé, comme cela se fait dans la majorité des pays, un produit d’une compagnie d’assurance algérienne à laquelle nous avons demandé que cette police soit la plus compétitive possible, à savoir un prix symbolique qui est de 25 euros par an, des réductions pour les revenus faibles et pour les groupes ou les associations dont le nombre d’adhérents dépasse cinquante personnes. Bien entendu, nous ne pouvons pas obliger notre communauté à accepter ce choix. D’autres solutions existent. Je cite l’exemple de la cotisation de ressortissants issus du même village. D’autres lèvent des fonds dans le cadre d’associations. En tant que pouvoirs publics, nous avons fourni ce produit qui permettra à nos citoyens d’y souscrire via Internet ou lors de leur visite en Algérie, à partir d’agences d’assurance ou de banques contractantes avec les compagnies d’assurances concernées. Je me suis rendu en France la semaine dernière où j’ai rencontré nos ressortissants à Lille. La majorité de ceux avec qui j’ai parlé approuve cette idée. Il reste un problème de communication dans la mesure où notre communauté émigrée n’a pas été informée de tous les détails de ce produit. C’est une assurance où la condition d’âge n’existe pas ; un avantage qui n’existe nulle part ailleurs, ni en France ni dans toute l’Europe. Egalement, cette assurance ne pose pas l’état de santé du contractant comme condition pour l’établissement de la police d’assurance. Ce produit s’occupera du rapatriement de la dépouille et du remboursement du billet aller-retour à la personne accompagnatrice. Cela dit, nous restons ouverts à toute nouvelle idée que nous pourrions développer à l’avenir.
Qu’en est-il des sans-papiers ?
Cette assurance est ouverte à tous. Les sans-papiers ne sont pas exclus.
Mais comment pourront-ils souscrire à cette assurance ?
Tout d’abord, les émigrés clandestins ne partent pas tous sans papiers. D’ailleurs le mot galvaudé «haraga» veut dire simplement se rendre dans un autre pays de manière illégale. Les «haraga» ont tous des documents de voyage mais ils les déchirent une fois arrivés à destination pour que leur identité ne soit pas connue. Et, de toute façon, la souscription via Internet est simplifiée au point qu’elle ne requière pas la présentation d’un document quelconque. Il faut juste mentionner les nom et prénom, le lieu de résidence et la preuve du transfert bancaire. Cette démarche peut se faire également par le biais d’un proche vivant en Algérie. Mais tout ceci ne veut pas dire que l’Etat ne continuera pas d’intervenir pour des cas humanitaires.
Des hommes d’affaires algériens ont tenté d’investir en Algérie, mais ils ont été découragés par les tracasseries bureaucratiques. Pourquoi l’Etat ne débureaucratise-t-il pas l’économie ?
Je ne suis pas d’accord avec vous. Les orientations du président de la République sont claires à ce sujet. L’Etat travaille à l’allégement des procédures administratives ou bureaucratiques – peu importe l’appellation. Nous avons, à notre niveau, c’est-à-dire au secrétariat d’Etat, un site internet avec toutes les informations nécessaires pour toute personne voulant investir en Algérie. Toutes les questions qui les préoccupent par rapport à la réalisation de leurs projets, nous les communiquons aux ministères concernés pour une prise de contact directe avec les investisseurs. Il y a beaucoup de modèles réussis dans le domaine de l’investissement. Mais la question du traitement de nos compétences à l’étranger ne concerne pas uniquement l’investissement. Nous voulons également attirer les compétences algériennes pour une réelle participation dans le projet de développement national, qu’il s’agisse d’universitaires, de chercheurs ou de médecins. D’ailleurs, nous nous apprêtons à lancer un portail électronique la première semaine du mois d’avril prochain. Ce portail a été développé avec l’aide du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. Il portera le nom de «Portail web dédié aux compétences» et permettra aux compétences établies à l’étranger d’enregistrer leurs services par rapport aux universités algériennes et aux entreprises à caractère économique. Une deuxième base de données est dédiée aux entreprises nationales privées et publiques pour exprimer leurs besoins dans les domaines économique, industriel et technologique. De ce fait, ce portail sera un point de rencontre entre des entités exprimant des besoins en Algérie et des compétences et des investisseurs installés à l’étranger et à même de les fournir.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
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