Des œuvres d’art relevant du patrimoine national exportées frauduleusement et revendues en Europe
C’est un véritable scandale qui vient d’éclater avec l’affaire de la vente aux enchères à l’étranger d’œuvres d’art appartenant au patrimoine national algérien. On se demande comment la «Maison Christie’s», plus grande maison de vente aux enchères, s’est procurée les tableaux, pour la plupart d’Alphonse Etienne Dinet, pour organiser sa vente enregistrée sous l’appellation : «Tableaux anciens et du XIXe siècle (et orientalistes)». Comment ces œuvres sont-elles sorties d’Algérie ? On sait que les Douanes algériennes ne disposent pas de formation et de services spécialisés pour empêcher l'exportation frauduleuse de ce type d'œuvres qu'il suffit d'enrouler dans un tube cylindrique et faire passer comme n'importe quel dessin banal. Il y a quelques années, une autre vente avait concerné d'autres tableaux parmi lesquels figuraient ceux de l’orientaliste Alphonse Etienne Dinet : «Une place à Boussaâda», «Deux jeunes filles et un garçon», «Boussaâda», «Femmes traversant le lit asséché de l’oued », «Le départ du conscrit», «La fuite des baigneuse » et «La danse des foulards». Il y a également les tableaux de Jose Ortega («Les gorges d’El-Kantara» et «Constantine») et des œuvres de Rudolph Ernst, Louis Granata et Cherubino Pata. En consultant un site consacré à l’homme d’affaires algérien Djilali Mehri, on apprend qu’une sélection de tableaux de la collection Etienne Dinet a été présentée au public à Paris, chez Artcurial, en 2003, et une exposition Etienne Dinet a eu lieu au musée des Beaux-Arts de Nantes dans le cadre de l’Année de l’Algérie en France. Il semble bien que cette collection appartienne à Djilali Mehri. Les autorités algériennes, concernées, ne pouvaient-elles pas les acheter pour les mettre dans les musées en Algérie ? Les responsables algériens étaient parfaitement au courant de ce fait puisque la vente a été annoncée par une dépêche de l’APS le dimanche 16 juin, dans des termes très clairs : «Une collection privée exceptionnelle d’art orientaliste incluant un lot important de tableaux du peintre Etienne Dinet (1861-1929), pour qui l’Algérie a constitué une source d’inspiration intarissable, est exposée depuis samedi soir à la galerie de la Maison Christie’s, à Paris, déjà envahie, en cette soirée par de nombreux collectionneurs. Cette collection qui sera mise en vente aux enchères le 20 juin, dont l’ensemble est estimé entre 6 et 9 millions d’euros, comprend quelque 44 lots dont plusieurs tableaux d’Etienne Dinet, ainsi que des toiles du peintre américain Frederick Arthur Bridgman (1847-1928), le Français Felix Philippoteaux (1815-1884) et d’artistes peintres contemporains comme Mohamed Racim ainsi que des sculptures de bustes de personnages, en bronze, albâtre ou terre-cuite patinée, inspirés par les voyages de leurs créateurs orientalistes». Le directeur du département des collections de Christie’s, Lionel Gosset, a même signalé à l’APS que «parmi les pièces phares de cette collection, figurent notamment une trentaine d’œuvres d’Alphonse Etienne Dinet». A ce jour, aucune réaction n’a été enregistrée du côté algérien. Est-ce normal ?
Karim Bouali
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