Le Maroc refoule des dizaines de réfugiés syriens vers l’Algérie

Des dizaines de familles syriennes ont été refoulées il y a quelques jours par les autorités marocaines vers le territoire algérien. Les ressortissants syriens, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont été contraints de traverser la frontière au niveau de Zouia, au Maroc, pour se retrouver en Algérie. Totalement démunis, les réfugiés syriens ont été pris en charge par les services de sécurité algériens qui ont ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de leur arrivée au Maroc et de leur passage illégal en Algérie. Les familles syriennes racontent qu’elles ont été victimes d’une arnaque de la part de passeurs marocains qui les ont dépouillées de plusieurs centaines de milliers d’euros, quelque 2 000 euros par personne, en leur promettant la traversée de la frontière marocaine vers l’Europe, en passant par l’enclave espagnole de Ceuta et Melilla. Le rêve des familles syriennes s’est ensuite volatilisé ainsi que leur argent, les passeurs les ayant abandonné à leur sort, et se trouvant livrées à la mendicité, seule manière que les réfugiés ont trouvé pour survivre. Leur mésaventure et leur désarroi n’ont pas trouvé grâce aux yeux du pouvoir marocain qui, au lieu de prendre en charge les familles et de rechercher leurs passeurs, a fait en sorte de les refouler côté algérien afin de créer un autre incident avec le pouvoir algérien pris, par ailleurs, dans la tourmente de la campagne électorale pour le quatrième mandat de Bouteflika. Politiquement, l’affaire n’a pas encore créé de polémique entre Alger et Rabat comme ce fut le cas lorsque le Makhzen a monté en épingle, au mois de janvier dernier, une histoire du même genre pour nuire à l’Algérie, qui maintient une position intransigeante sur la question du Sahara occidental. Le Makhzen tente, comme à chaque fois, de détourner les regards sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occupé en inventant des crises avec Alger. Il est à rappeler qu’au mois de janvier 2014 le Makhzen est allé jusqu’à convoquer l’ambassadeur algérien à Rabat, invoquant une prétendue reconduite de réfugiés syriens vers le Maroc à partir du territoire algérien. N’ayant pas réussi à perturber la sérénité des décideurs algériens lors de la profanation de l’emblème national, le 1er novembre 2013, Rabat s’acharne depuis contre l’Algérie, en s’appuyant sur ces épisodes de refoulement de réfugiés syriens, nombreux à se retrouver soit en Algérie ou au Maroc pour tenter de rejoindre les membres de leurs familles. Le Maroc instrumentalise cette question et actionne ensuite les médias pour qu’ils s’en prennent à l’Algérie. Ainsi, au mois de janvier, le Maroc a accusé Alger de refouler des réfugiés vers son territoire alors que l'Algérie réfutait les accusations expliquant que les gardes-frontières n'avaient fait que refuser l'accès au territoire national à des ressortissants syriens refoulés par les autorités marocaines. «Les GGF ont refusé l’accès sur le territoire national à des réfugiés syriens que les autorités marocaines voulaient expulser vers l’Algérie», avait indiqué alors le colonel Boualleg Mohamed. «C’est suite à ce refus que les autorités marocaines avaient fait appel à leurs médias pour accuser, à tort, les autorités algériennes d’avoir refoulé ces Syriens, alors qu’en réalité ils se trouvaient sur le territoire marocain», avait-il expliqué alors à l’APS. Le colonel Boualleg Mohamed avait, par ailleurs, rappelé que «lorsque les gardes-frontières algériens interceptent des personnes tentant de s’introduire illégalement sur le territoire national, elles sont immédiatement arrêtées et présentées devant la justice et non refoulées vers le territoire du pays voisin». «L’Algérie ne refoule pas les ressortissants syriens qui se trouvent sur son sol car, comme le soulignait le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ces derniers ont été accueillis dans un élan spontané de solidarité et de fraternité en Algérie, et nous leur souhaitons un bon séjour dans la dignité parmi nous et un retour dans les meilleurs délais dans leur pays, dès que les conditions sécuritaires seront réunies», avait précisé au mois de janvier le porte-parole du MAE.
Meriem Sassi
 

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