Recul tactique ?
Est-ce un recul tactique des islamistes ou le début de la «normalisation» en Tunisie ? Le gouvernement a subitement durci le ton face à l’agitation islamiste. Il a interdit toute marche à la sortie des mosquées le vendredi et rappelé à l’ordre l’imam de la Zitouna qui avait lancé un appel au meurtre en guise de prêche. Devant cette fermeté, les islamistes, tous confondus, ceux d’Ennahda, parti au pouvoir, et ceux d’Ansar Echaria, qui, eux, occupent la rue, ont renoncé à leur manifestation «pour défendre les valeurs du sacré». Il faut, toutefois, noter que dans cette épreuve de force – factice ou réelle – entre le gouvernement et les extrémistes islamistes, ces derniers ont marqué un point en imposant l’interdiction d’une exposition du Printemps des Arts. La pression qu’ils ont exercée à partir de la rue a porté. Le prétexte a été donné par quelques toiles jugées contraires aux «valeurs du sacré», voire blasphématoires. Les réseaux sociaux, style facebook sur lequel circulent des listes de personnes menacées de mort, ont fait le reste en mobilisant une foule de fanatiques contre les artistes devenus ennemis à abattre. Les extrémistes ont la partie facile en s’appuyant sur le sentiment de revanche contre l’époque de Ben Ali. Face à cette situation, les autorités tunisiennes ne manifestent aucune inquiétude et minimisent la gravité des faits. Ont-elles raison ? Les prochains jours le diront.
Ramdane Ouahdi