Y a-t-il de bons terroristes ?
Le 11 septembre 2001, les Américains connaissaient les horreurs du terrorisme sur leur propre sol, aux Etats-Unis. Quelque 3 000 personnes ont péri, ce jour-là, dans des attentats qui ont frappé les tours jumelles du World Trade Center, à New York, mais aussi à Washington et Shanksville, en Pennsylvanie. Peu de jours après, le 28 septembre, le terrorisme – dont les Algériens souffraient affreusement, et seuls depuis déjà une dizaine d’années au moins – devenait subitement le problème de toute la planète : le Conseil de sécurité adoptait à l'unanimité une résolution exhortant les Etats à prendre des mesures législatives, institutionnelles et sécuritaires et mener des coopérations transfrontalières pour lutter contre le terrorisme. Qu’y a-t-il de changé en ce 11 septembre 2012 ? Loin de leurs familles et quasiment oubliés dans leur pays, des soldats meurent en Afghanistan, sans trop savoir pourquoi. Dans la guerre qu’elle a déclenchée en Afghanistan sous prétexte d’y poursuivre les terroristes, l’Otan s’achemine vers une défaite totale, avec un retrait militaire précipité, alors que les objectifs de cette opération ne sont pas atteints. Le terrorisme d’Al-Qaïda continue à frapper dans certains pays et à menacer d’autres, y compris les Etats-Unis. A chaque commémoration des attentats du 11 septembre 2001, il se trouve des officiels de l'administration américaine pour déclarer «prendre au sérieux une menace terroriste crédible mais non confirmée». Sur quoi se fonde leur alarmisme ? «Des individus sont entrés dans le pays avec l'intention de lancer une attaque.» Qui sont ces individus ? Mystère. Il y a, sans doute, dans cette démarche une grande part de manipulation de l’opinion américaine et, au-delà, internationale. Comble du paradoxe, pour les naïfs, les Occidentaux constatent, et ils le reconnaissent de plus en plus publiquement, que les groupes armés qui tentent de semer la terreur et le chaos en Syrie comprennent des terroristes. Preuve d’une grande hypocrisie : les armes et les bombes utilisées par ces terroristes sont livrées avec l’assistance des alliés de l’Otan dans la région : Qatar, Arabie Saoudite et Turquie.
Lazhar Houari