Satan et les fous de Dieu
La situation qui prévaut actuellement en Libye, en Tunisie et en Egypte est l’exacte réplique de ce qui s’est passé en Algérie avant l’annulation du processus électoral en 1992. A l’époque, les militaires algériens n’arrêtaient pas de mettre en garde les responsables politiques du pays sur le risque que faisait peser les islamistes sur la sécurité nationale. Les dernières déclarations publiques du général Khaled Nezzar ont apporté des éléments nouveaux sur cette période délicate de l’histoire récente de l’Algérie. On comprend mieux, avec la montée des périls dans ces trois pays arabes, récemment affranchis de dictatures pluridécennales, pourquoi il était impératif chez nous – vingt ans avant ce qui est indûment qualifié de printemps arabe -, de barrer la route coûte que coûte au FIS, à l’époque. C’est que ce parti, derrière l’apparence d’une organisation soudée autour de ses chefs politiques, était gangréné par des éléments radicaux qui échappaient totalement au contrôle du binôme Abassi et Benhadj. C’est exactement le cas aujourd’hui chez nos voisins. Si, en effet, Ennahda a revu sa copie après de longues années de lutte acharnée contre le régime de Ben Ali, si les Frères musulmans ont tourné casaque au point d'émettre une fetwa pour protéger l’Etat hébreu contre toute attaque à partir d’Egypte et si le CNT version Abdeljalil s’était empressé de proclamer la charia pour neutraliser l'omnipotent Abdelhakim Belhadj, ces trois entités islamistes, aujourd’hui au pouvoir, vont devoir elles-mêmes faire face au terrorisme de leurs alliés d’hier. Parce que, où qu’ils soient et en tout temps, les salafistes sont et demeureront réfractaires au dialogue tant qu’ils puiseront leur force dans l’inconséquence et la lâcheté des Occidentaux dont ils se servent pour continuer de faire régner la terreur sur le monde. Il y a donc peu de chance que l’assassinat de quatre diplomates américains à Benghazi puisse changer quoi que ce soit à la relation plus qu’ambiguë entre Satan et ces fous de Dieu, puisqu'aussi bien l’action des Etats-Unis que celle des salafistes est orientée vers le mal et la destruction.
M. Aït Amara
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