Saleté : l’Etat coupable
La salle de conférences du Club des Pins, où le ministre de l’Intérieur a réuni les walis du centre du pays, n’a pas fini de résonner des éclats de voix des responsables indignés par la dégradation du cadre de vie du citoyen, que surgit déjà la grève annoncée par les travailleurs des communes pour des revendications socioprofessionnelles qui expliquent en partie, justement, les raisons de la colère des responsables. C’est à croire que les personnalités réunies au Club des Pins viennent tout juste de mettre le nez dans les affaires du pays et découvrent, avec les yeux du dernier arrivé, à quel point elles ont été si mal gérées localement. Non, ces membres du gouvernement, ces walis, ces directeurs généraux et tous ces hauts fonctionnaires, qui semblaient effarouchés devant le spectacle offert par nos communes en matière de cadre de vie, sont depuis au moins dix ans dans les rouages de l’Etat à divers niveaux. Il ne tient qu’à eux que les choses se passent mieux pour le citoyen ordinaire qui n’a jamais eu voix au chapitre. Les rares exemples de zones d’habitation propres et tranquilles sont le fait de citoyens qui se sont mobilisés pour prendre soin de leur environnement. Et si, un jour, ils sont importunés par le tapage nocturne, c’est qu’une autorité, locale ou centrale, aura permis, en violation de la loi, que soit organisée, au milieu de leurs habitations, une activité bruyante déguisée en activité culturelle et de loisir, avec plein de sponsors commerciaux. Le cadre de vie urbain est un tout, il est agressé à la fois par les ordures qui s’amoncellent, par les dégagements des gaz de véhicules et par le bruit. Le constat a été déjà fait : les villes algériennes font honte.
Ramdane Ouahdi