Ban Ki-moon met en garde contre une intervention au Mali

L'approche algérienne pour une sortie de crise au Mali se veut désormais la plus indiquée, en insistant à ce que les Maliens soient les premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes. La vision de la diplomatie algérienne réunit désormais la majeure partie des grandes puissances pour la conduite d’une sortie de crise au Mali, dont le Nord est occupé par des groupes armés depuis presque six mois. L'Algérie, comme l'a exprimé le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, dans son intervention à la réunion sur le Sahel et le Mali, organisée par l’ONU en marge de l'Assemblée générale à New York, aspire à s’entourer des meilleures chances de succès. La recherche d’une sortie de crise au Mali, selon Messahel, gagne à être conduite dans le respect de certaines exigences résumées en trois points essentiels. Le premier point veut que les Maliens soient les premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes et qu’il faudra impérativement aider et soutenir en renforçant notamment leurs capacités nationales. Le deuxième aspect est que les acteurs de la communauté internationale doivent être guidés par un même agenda et leurs efforts conduits selon un même ordonnancement, qui tient compte non seulement de la volonté des Maliens et des prérogatives de la Cédéao, mais aussi des intérêts de sécurité nationale des pays du champ voisins du Mali (Algérie, Niger et Mauritanie). Il doit également être tenu compte des responsabilités de supervision et de coordination dévolues à l’Union africaine en matière de maintien de la paix et de la sécurité, et de l’appui attendu de l’ONU. Enfin, le dernier point défendu par l'Algérie est qu’une solution politique négociée doit être dégagée dans les meilleurs délais possibles pour éviter toute situation d’enlisement, qui implique les acteurs qui se démarquent sans équivoque du terrorisme et du crime international organisé et qui renoncent à toute atteinte à l’intégrité territoriale du Mali. C'est en ce sens que le représentant en Europe du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), Mossa Ag Attaher, a, dans une lettre adressée mercredi au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, affirmé que les rebelles touareg du MNLA ont demandé instamment d'être associés au règlement de la crise dans le nord du Mali, estimant «illusoire d'espérer une solution définitive et une paix durable» sans leur implication.
Epousant le point de vue algérien, le secrétaire général des Nations unies a mis en garde contre une intervention militaire au Mali qui, selon lui, «pourrait avoir de graves conséquences humanitaires, y compris de nouveaux déplacements et des restrictions à l'accès humanitaire». Quant à une stratégie régionale intégrée de l'ONU sur le Sahel dont l'élaboration a été demandée en juillet dernier par le Conseil de sécurité, Ban a indiqué que ce futur mécanisme onusien permettra de renforcer les capacités régionales de lutte contre l'insécurité, de prévenir et répondre aux crises de grande ampleur, et de promouvoir la gouvernance démocratique et le respect des droits de l'Homme. Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU a annoncé qu'il nommerait un envoyé spécial pour la région : «J'ai l'intention de nommer un envoyé spécial pour le Sahel qui sera chargé de parachever la stratégie et de superviser sa mise en œuvre.» Selon lui, cet envoyé spécial «devra veiller à la convergence des activités menées par les différents organismes des Nations unies et aider à mobiliser l'appui et les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs». Ban a appelé à un soutien international d'urgence pour les populations et les gouvernements de la région du Sahel qui, a-t-il affirmé, est à un «tournant décisif» avec 18 millions de personnes touchées par une grave crise alimentaire. Dans ce sens, il a souligné que «les groupes terroristes, les organisations criminelles transnationales et des insurrections menacent la paix et la prospérité» dans la région. Les Etats-Unis à leur tour, par la voix de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, sont pour une plus large concertation régionale et internationale face à la crise malienne en raison des «défis complexes et interconnectés» sur les plans sécuritaire et humanitaire. Les USA insistent sur l'urgence d'une solution à la crise malienne en souhaitant que le Conseil de sécurité examine les diverses propositions faites par la Cédéao, les autres acteurs concernés par cette crise ainsi que la France. Pour la chef de la diplomatie américaine, la crise malienne exige d'associer tous les pays touchés, ainsi que l'Union africaine et la Cédéao car «ce sont des défis sécuritaire, politique et humanitaire complexes et interconnectés». Mme Clinton a également souligné qu'il était essentiel que tous les acteurs de la région redoublent d'efforts pour mettre au point une «approche saine» de protection de leurs frontières.
R. I.
 

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