Vous ne ferez rien !
Pendant que les anciens ministres, rescapés du gouvernement Ouyahia, redeviennent taciturnes après plusieurs années d’un exercice de gouvernance raté, les nouveaux conjuguent leur action au futur. Ainsi, Benyounès va nettoyer l’Algérie de ses immondices, Benmeradi va investir dans le tourisme pour le sortir du coma, Tahmi va redonner au sport son lustre d’antan, Baba Ahmed va ouvrir les portes du dialogue au syndicat et corriger les erreurs de son prédécesseur, Ziari va faire de même avec les syndicats de praticiens dénigrés par Ould Abbès, Tebboun va loger tout le monde (cette fois-ci) et ainsi de suite. En somme, tout ce beau monde va régler en un peu plus d’un an les montagnes de problèmes hérités de cinquante années de gestion déplorable. Vœux pieux ou paroles en l’air pour amuser la galerie le temps de se préparer pour l’après-Bouteflika ? Pour répondre à cette question, il faudra que les nouveaux messies nous expliquent comment ils comptent s’y prendre pour tenir leurs promesses. Comment, par exemple, Amara Benyounès compte-t-il débarrasser l’Algérie de déchets ménagers si nombreux que les Algériens ont fini par les adopter au point que même les fidèles n’hésitent plus à prier à côté d’un égout à ciel ouvert faute de places à l’intérieur de la mosquée ? En achetant trois incinérateurs de dernière génération, nous explique-t-il. Et nous revoilà retombés dans les solutions à l’emporte-pièce. Trois petits appareils et le tour est joué. Comment le ministre de l’Education compte-t-il alléger des classes surchargées en si peu de temps alors que les prévisions indiquent clairement que le nombre de projets d’écoles n’atteindra jamais l’évolution ascendante de la courbe démographique et que l’Etat, depuis l’avènement de Bouteflika, mise sur le nombre et néglige la qualité ? Avec quelles armes le ministre de la Santé va-t-il faire la guerre à une mafia du médicament qui maintient le pays dans une éternelle dépendance vis-à-vis d’une poignée de groupes pharmaceutiques étrangers qui se partagent le gâteau ? Comment le ministre du Tourisme, transfuge d’un secteur de l’industrie toujours moribond, pourra-t-il aligner l’Algérie sur les voisins marocain et tunisien dans un secteur où tout – absolument tout – est à faire ? Bientôt, ces ministres, grands enthousiastes ou petits hâbleurs, substitueront au futur de l’indicatif l’imparfait qui marquera le temps passé sans que quoi que ce soit n’ait changé après leur passage éphémère fait d’exposés oratoires devant un public qui s’est depuis longtemps bouché les oreilles.
M. Aït Amara
Comment (3)
Les commentaires sont fermés.