Hypocrites !
Les responsables politiques sont unanimes à dire, depuis que Chadli est mort, que ce dernier «était» juste et honnête, «était» proche de son peuple qu’il «aimait» par-dessus tout, «était» un président exceptionnel, «était» un démocrate convaincu, «avait» permis à l’Algérie de jouer les premiers rôles dans le monde, «avait» fait des choix stratégiques judicieux au lendemain de la mort de Boumediene, «avait» contribué à l’édification d’un Etat moderne et «avait» répondu au devoir national en choisissant de quitter le pouvoir de son propre gré en janvier 1992. Mais où étaient donc tous ces discoureurs qui flattent Chadli à titre posthume, lorsque les critiques les plus amères contre lui pleuvaient de toute part ? Où étaient-ils lorsque le président en exercice se demandait comment il avait bien pu tenir une discussion de dix heures avec son homologue français, parce qu’inculte ? Où étaient-ils, tous, lorsque louer les œuvres de Chadli relevait du crime de lèse-majesté contre l’occupant actuel d’El-Mouradia, qui a en horreur quelqu’un qui lui fait de l’ombre et abhorre qu’on ne dise pas de lui qu’il est l’unique bienfaiteur ? Où étaient-ils, tous ces complimenteurs qui applaudissaient l’invective d’un président au pouvoir contre un autre qui, ayant choisi de rentrer chez lui, n’avait plus l’aptitude de distribuer les prébendes, les beaux rôles, les jolis postes ? Où étaient-ils, tous ces pleureurs occasionnels, lorsque Chadli, sous le règne duquel ils ont appris les ficelles du métier pour être admis à la cour, se taisait pour ne pas gêner dans sa démarche celui qui, pourtant, l’accusait d’être LA cause de la décennie noire ? Ce sont ces mêmes louangeurs qui mettront sur le dos de l’actuel président tous les problèmes du pays une fois parti. Puis, lorsqu’à son tour il cessera d’exister, ils feront la queue devant son cercueil pour le glorifier de nouveau à l’imparfait.
M. Aït Amara
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