Chrétien et moudjahid
La disparition de Pierre Chaulet, la semaine dernière, a endeuillé l’Algérie et profondément attristé ses amis et ceux qui, sans avoir été proches de lui, le connaissaient de réputation et lui vouaient un grand respect, parce qu’il était moudjahid et pour sa contribution dans la construction du système de santé de l’Algérie indépendante. Mais pour la plupart, Pierre Chaulet était inconnu. Ils l’ont découvert à travers les nombreux témoignages qui ont rappelé son engagement dans la lutte armée pour l’indépendance nationale. La surprise a été pour ceux qui considéraient que la qualité de moudjahid était liée à celle de musulman, or Pierre Chaulet était chrétien et il l’est resté jusqu’à sa mort. Il est significatif qu’il ait choisi d’être enterré près de la tombe d’un autre moudjahid, Henri Maillot qui était, lui, sans doute athée. Ils étaient, tous deux, moudjahidine et algériens, tout simplement. Il y en a eu, comme eux, beaucoup auxquels, pourtant, l’hommage qui est rendu pèche par des nuances qui trahissent encore des pesanteurs que la société algérienne peine à dépasser. Porter un nom aux consonances françaises ou italiennes ou autres n’altère pas la qualité de moudjahid. Il en va de même pour le grand moudjahid qu’est Salem Giuliano. Les harkis avaient des noms bien de chez nous et ils étaient musulmans, en plus. En fait, tout cela nous renvoie à la grandeur de la Révolution algérienne, à son humanisme qui a permis de mobiliser dans la lutte armée, indépendamment des limites «ethniques», «ceux qui croyaient au Ciel (sans distinction de confession) et ceux qui n’y croyaient pas».
Cherif Brahmi
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