Colonisation : un ministre français écarte tout acte de repentance
La France, sous François Hollande, n’a pas changé de vision sur l’Algérie. Le ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, vient d’en donner la preuve dans une interview accordée à l’hebdomadaire français Le Journal du Dimanche, paru aujourd’hui. Interrogé sur les «intentions» du président français qui se rendra en Algérie au début du mois de décembre, M. Arif a totalement écarté tout acte de repentance de la part de la France sur les crimes commis durant la période coloniale (1830-1962) en Algérie. «Il y a effectivement des Algériens qui souhaitent des excuses de la France, nous l’avons senti avec François Hollande lors de ses déplacements en 2006 et 2010. Mais il n’est pas question de faire repentance. Il s’agit davantage de reconnaissance des choses. De part et d’autre», a-t-il répondu au journaliste du JDD. Il estime dans ce sillage que «ce qui a été dit par François Hollande sur le 17 Octobre est sans repentance, sans autoflagellation». Kader Arif voit ainsi d’un autre œil les relations entre la France et l’Algérie. Des relations qui ne passent pas nécessairement par la repentance, mais qui seraient bâties sur le respect et la confiance mutuels. Pour lui, s’il y a lieu de faire repentance, il faudra le faire dans les deux sens. «Il faut qu’avec l’Algérie nous puissions tourner la page ensemble, ce qui signifie que les Algériens soient eux aussi capables de faire des gestes, ce qui ne pourra qu’avoir une incidence positive pour les Français d’origine algérienne ou les Algériens vivant en France. Chaque fois qu’on peut regarder l’Histoire en face, on se grandit», a-t-il soutenu. Le ministre des Anciens combattants ira plus loin jusqu’à demander à ce que l’Algérie laisse les harkis retourner dans leur pays. «Il est inacceptable par exemple que nos compatriotes harkis ne puissent pas se rendre dans le pays de leurs ancêtres ou, pour ceux qui le souhaitent, y être enterrés. Nous avons abordé cette question avec nos amis algériens et nous avons compris qu’il y avait une volonté d’ouverture de leur part à ce sujet», a-t-il souligné, considérant cela comme un véritable geste d’apaisement de la mémoire des deux pays. Il estime que les enfants des harkis ne méritent pas le traitement qui leur a été réservé par l’Algérie. Evoquant son cas, il dit ne pas vouloir qu’il soit enfermé dans cette image de fils de harki. «Mon père n’a pas seulement été harki, il a été soldat combattant pendant la Seconde Guerre mondiale. J’appartiens à la République française, à une mémoire collective. Le meilleur moyen de régler la question douloureuse des harkis, c’est de ne pas penser que nous parlons de citoyens à part», a-t-il martelé. Selon Kader Arif, François Hollande viendra en Algérie «avec un grand sens des responsabilités». «Il ne s’agit pas uniquement de revenir dans un pays où il a gardé beaucoup d’amis, mais de discuter avec les Algériens d’une urgence de stabilité au Sahel, de faire redémarrer un espace d’échanges régional après l’échec de l’Union pour la Méditerranée, de signer un traité franco-algérien. J’espère qu’il portera le nom de traité d’amitié», a-t-il conclu.
Sonia Baker
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