Le FMI et les Cassandre
Le satisfecit, net et sans bavure, délivré à l’Algérie par le chef de mission du FMI (Fonds monétaire international) ressemble à l’encouragement prodigué par le maître d’école aux bons élèves les appelant à poursuivre dans la même voie. C’est exactement le conseil que donne Zeine Zeidane, le chef de mission. Si on compare les propos quasiment élogieux de l’expert du FMI avec le pessimisme de chroniqueurs internes, il y a de quoi rester bouche bée. Quand ceux-ci constatent l’impossible réindustrialisation de l’Algérie, Zeine Zeidane évoque, comme en écho, les perspectives prometteuses dans la pétrochimie, la sidérurgie, le tourisme, le secteur pharmaceutique, les TIC (internet, la 3G ou la 4G, dit-il) et l’agro-industrie. Là où les «nôtres» trouvent déplorable l’état des lieux, lui juge la situation financière de l’Etat «solide» et il argumente chiffres à l’appui. Il fait savoir que les réserves de change seront, à fin 2012, à 192 milliards de dollars. Pour cet expert étranger, l’Algérie a une très bonne position extérieure. Notre pays est protégé contre les chocs extérieurs. Que pense le FMI du budget décidé dans la loi de finances 2013 ? Il va dans la bonne direction, répond son chef de mission. Le FMI met un bémol à ses éloges à propos de l’inflation qui, à 8,5%, a atteint le niveau le plus élevé sur les quinze années passées. Mais là aussi, ses prévisions sont rassurantes, l’inflation, due aux augmentations de salaires et aux dysfonctionnements dans le commerce intérieur, redescendra en 2013. Surprenant que les Cassandre soient plutôt nationaux ? Ou alors le discours du FMI n’est-il fait que de paroles en l’air, juste pour renvoyer l’ascenseur à l’Algérie qui vient de consentir un prêt de 5 milliards de dollars à cette institution en difficulté, geste que la directrice générale, Christine Lagarde, a tenu à saluer ?
Cherif Brahmi