La météo n’y sera pour rien
La météo sera fidèle au rendez-vous, le jour du vote, pour venir à la rescousse du gouvernement et donner une couleur apolitique au taux d’abstention qui s’annonce très élevé. Le mauvais temps prévu a tout pour décourager les électeurs indécis ou déjà réticents à se rendre au bureau de vote : fortes pluies, températures en baisse et même chutes de neige en certains endroits. Mais personne ne s’y trompera. Le sens politique évident que prendra la vague de l’abstentionnisme a été affiché par la population durant la campagne électorale. Elle a montré une tendance nette à la désaffection à l’égard de ces élections. Cette désaffection est surtout visible chez les jeunes qui constituent l’écrasante majorité dans le pays, non pas qu’ils rejettent la politique, mais ils constatent encore une fois qu’ils en sont écartés de mille façons. Ils ne manquent de manifester leur indifférence pour ce scrutin en dépit des appels qui leur sont lancés. Les discours électoralistes des candidats sont pleins de références aux jeunes, mais ceux-ci savent qu’au plan du concret, il n’y a pratiquement rien. Devant le risque de désertion des bureaux de vote, administration, c’est-à-dire gouvernement, et partis politiques se lancent des accusations mutuelles sur les raisons de l’abstention. Les partis affirment que c’est la fâcheuse habitude des élections préfabriquées, donc truquées par l’administration, qui fait que les gens n’y croient pas. Le ministère de l’Intérieur, directement interpellé, rétorque que si les électeurs boudent les urnes, c’est parce que le discours et les candidats choisis par les partis politiques ne sont pas crédibles. Les bulletins FLN qui se sont trouvés dans la nature, à Souk Ahras, avant le début des opérations de vote, n’arrangent pas les choses. Pour attirer les électeurs vers eux le jour du vote, les partis en lice n’ont pas lésiné sur les promesses dans leurs discours publics et également dans les tournées de proximité, dans la rue ou le café. Des promesses qui vont très vite se fracasser contre la réalité du terrain : absence de compétence, situation catastrophique des communes, revendications nettement supérieures aux moyens existants, prérogatives concentrées au sommet de l'Etat, tiraillements entre l'administration (walis, chefs de daïra, Intérieur), notables à l'intérieur du pays, d'un côté, et des maires détestés, de l'autre. Comment les futurs «élus», mal élus, vont-ils gérer leur mandat ?
Lazhar Houari