L’islam perçu au travers du regard des enfants

Alors que récemment je visionnais le film Argo, je me suis retrouvée transportée dans le passé, à l’école, lorsque j’avais environ 7-8 ans. C’était en 1979, durant la crise des otages en Iran, que j’ai pris profondément conscience d’être la seule musulmane dans mon école. Même à ce jeune âge, je réalisais que mes camarades de classe et les enseignants ne comprenaient pas qui étaient les musulmans et ce en quoi ils croyaient. Incapable d’expliquer ma foi et ma culture, je suis restée silencieuse, anxieuse et confuse.
Trente ans plus tard, mon plus jeune fils se retrouve dans la même année scolaire, et sa foi musulmane est à nouveau mise sur le devant de la scène. Malgré le fait que, maintenant, la plupart des gens sont mieux familiarisés avec les musulmans qu’ils ne l’étaient lorsque j’avais son âge, il règne tout de même un climat de méfiance et d’hostilité envers l’islam, qui s’étend tristement au-delà de l’Iran pour atteindre également les musulmans américains. En tant que parent, je ne peux pas m’empêcher d’être à nouveau inquiète. Quid de ce que mon fils et ses frères aînés entendent à propos de leur religion ? Quid des choses négatives qui sont dites au sujet des musulmans et qu’ils sont peut-être en train d’internaliser ? Comment tout cela est-il en train de modeler leur identité et leur amour-propre?
Pourtant, malgré ces inquiétudes et ces défis auxquels la communauté musulmane américaine est confrontée, je suis optimiste face à l’avenir. En tant qu’écrivaine pour enfant, j’étais enthousiasmée à l’idée de pouvoir publier un livre illustré parlant des musulmans, Night of the Moon : A Muslim Holiday Story (La nuit de la lune : une histoire d’un jour saint musulman, Chronicle Books, 2008). Dans l’histoire, j’explique le Ramadhan et Aïd el-Fitr à travers le regard d’un enfant. Mon but était de me concentrer sur les aspects festifs de ces jours fériés grâce à toutes sortes de choses auxquelles les enfants peuvent s’identifier, comme les fêtes, les gâteaux et les cadeaux. Le livre met en avant le fait que les musulmans font partie du tissu social américain, et que nous partageons des valeurs communes de communauté, de charité et de famille.
Night of Moon a été reçu avec enthousiasme par les éducateurs et les critiques. J’ai été littéralement enlacée par une enseignante galvanisée dans un couloir d’une école, au cours d’une visite d’auteur. Elle reconnaissait, tout comme d’autres, le besoin des enfants musulmans de se voir reflétés dans la littérature, et pour les autres celui d’avoir les outils nécessaires afin de démystifier nos traditions. Des parents musulmans m’ont avoué qu’ils avaient utilisé le livre au cours de visites scolaires et qu’ils en avaient offerts aux bibliothèques. De même, des non-musulmans ont déclaré que le livre était utile de différentes façons, comme par exemple mon voisin qui s’est exclamé : «J’ai honte de l’avouer, mais je n’ai jamais compris ce qu’était le Ramadan jusqu’à ce que je lise votre livre à mon enfant.»
Mon livre illustré le plus récent, Golden Domes and Silver lanterns : A Muslim Book of Colors (Des dômes dorés et des lanternes d’argent : un livre musulman des couleurs, Chronicle Books, 2012), est un livre autour des couleurs et qui introduit des objets islamiques communs tels que le tapis de prière ou le foulard.
Une fois de plus, j’ai été submergée par l’avalanche de supports qu’a rencontrés ce livre, que cela soit parmi les musulmans ou les non-musulmans. Les premiers sont reconnaissants d’avoir quelque chose de beau à montrer et qui les décrit de façon positive et les seconds se sont surpassés afin de me faire savoir à quel point ils estimaient que le livre pouvait jouer un rôle important dans une introduction à l’islam.
En tant que parent et auteure, j’essaie tout d’abord d’écrire des livres pour mes enfants, et d’autres comme eux, afin qu’ils puissent se sentir représentés. Mais j’ai eu la plaisante surprise de constater que les livres servent des buts plus importants.
Les livres illustrés, alors que je ne les avais jamais considérés comme des outils du changement auparavant, servent à éduquer les enfants et les adultes qui les lisent et amènent à des conversations et des discussions. Ils peuvent ajouter à la culture de l’inclusion et de la diversité, que la majorité des Américains chérit. Et ils peuvent aider à satisfaire la curiosité de tant de citoyens américains impatients de comprendre les musulmans.
Nous, musulmans américains, avons besoin de faire entendre nos histoires, et les livres pour enfants sont des outils puissants pour les faire partager. J’espère que, de quelque façon, mes livres aident les enfants musulmans à être fiers de leurs traditions – indépendamment de ce qui est diffusé aux nouvelles – et à marcher la tête haute.
Hena Khan, auteure de plusieurs livres pour enfants, consultante en communication, Maryland
 

Commentaires

    Safa
    11 décembre 2012 - 7 h 08 min

    Nos enfants sont les
    Nos enfants sont les meilleurs messagers , alors tâchons de mettre tout en œuvre pour bien les éduquer.
    Et les livres pour enfants ou les dessins animés sont imbattables pour l éducation de générations entières.
    Cette guerre médiatique contre l islam est gagnée d avance pour les musulmans à condition d investir totalement l audiovisuel.

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