Sommes-nous vraiment leader ?
L’Algérie n’échappe pas au tourbillon des changements qui interviennent dans le paysage énergétique mondial. Son économie dépend quasi exclusivement des ventes d’hydrocarbures et la moindre modification des données concernant les marchés peut avoir un impact direct sur la vie quotidienne de la population. Il en est ainsi de l’idée selon laquelle notre pays est leader dans le GNL (gaz naturel liquéfié). Elle est battue en brèche par des informations que nous publions, tirées d’un communiqué de presse diffusé par QNB (Qatar national bank), et qui montrent que le Qatar est devenu le plus grand exportateur de GNL avec 76 millions de tonnes en 2011, soit 31% du total des exportations mondiales. C’est la Malaisie qui viendrait en deuxième position, loin derrière, avec 24 millions de tonnes, soit moins du tiers que le Qatar. 42% du volume des exportations de l’émirat qatari sont allés vers les pays de l’Union européenne, c'est-à-dire là où est absorbée la quasi-totalité des exportations de gaz algérien. L’Algérie est le fournisseur traditionnel de l’Europe depuis 1964. Notre pays a longtemps tiré avantage de la proximité avec le marché européen et aussi de l’avantage compétitif en matière de transport ainsi que de la flexibilité du GNL. En 2011, il a réalisé 9% des importations gazières européennes contre 26% pour la Russie. L’analyse de QNB montre qu’à présent, l’Algérie doit faire face à une concurrence sérieuse sur le GNL avec l’arrivée en force du Qatar sur le marché européen, même si QNB nous annonce que l’émirat regarde vers les marchés lointains de l’Asie du Sud et de l’Amérique du Sud. Mais il n’y a pas que le Qatar et pas que le GNL, les experts parlent également de la pression croissante du concurrent russe renforcé par la mise en service du gazoduc Nord Stream reliant, via la mer Baltique, les champs gaziers russes au marché allemand, et celle projetée en 2013 du Bue Stream, via la mer Noire, qui cible le marché italien, qui représente la moitié de nos exportations gazières. Sans oublier la menace des gaz non conventionnels (qui vont faire passer les Etats-Unis de pays importateur à exportateur de gaz) et l’hypothèque que fait peser la récession économique sur les perspectives de la demande de gaz. Face à cette situation qui inspire la panique, les responsables algériens sont, pour l’heure, sereins. Pourtant, le gel du Galsi a de quoi inquiéter.
Lazhar Houari
(Lire article par ailleurs)