Ahmed Ouyahia choisit une sortie honorable
Comme nous l’avions écrit le 30 décembre dernier, Ahmed Ouyahia n’a pas eu les coudées franches pour résister à l’attaque frontale du mouvement de redressement, conduit par Yahia Guidoum et contrôlé dans les coulisses par le très influent général à la retraite Mohamed Betchine qui marque, de ce fait, son retour aux affaires politiques. Ayant compris que ses fidèles lieutenants, tels que Seddik Chihab, Abdesselam Bouchouareb et autre Miloud Chorfi, sont loin de faire le poids face aux grosses pointures qui ont rallié l’opposition interne (lire l’article Guerre au RND : le retour du général Mohamed Betchine ?), Ahmed Ouyahia choisit la voie de la sagesse, pour reprendre son propre qualificatif. Une voie qui est surtout une assurance d’une sortie plutôt honorable pour sa personne, évitant dans ce contexte tendu un éventuel lynchage auquel il n’aurait pas survécu, politiquement bien entendu. En présentant sa démission du poste de secrétaire général du parti, qui sera effective à compter du mardi 15 janvier – soit à deux jours du Conseil national –, Ahmed Ouyahia se pose en «sauveur» d’un RND au bord de l’éclatement. Ouyahia veut ainsi laisser sa place «propre» et une bonne impression dans la mémoire collective des militants, en ce sens qu’il se sacrifie pour que cette formation vive et reste debout. Il le dit tout au long de son long message publié ce matin sur le site du parti. Trois pages dans lesquelles Ouyahia est revenu sur la situation de crise et sur la dérive dangereuse qui menacerait le parti dans son existence. Il affirme ainsi avoir pris ses responsabilités pour préserver l’unité du RND dont l’Algérie a besoin. Ouyahia assure avoir songé à démissionner de son poste au lendemain du conseil national de mai 2012. Mais il a dû y renoncer pour permettre au RND, dit-il, de mieux aborder les élections locales. Des élections qui lui ont d’ailleurs souri avec des résultats au-delà de ses espérances, lesquels ont renforcé la position de son parti au sein des assemblées locales et de wilaya, et permis de se placer en tête au sein du Sénat, surclassant étonnamment le FLN.
La «leçon» d’Ouyahia
Ouyahia veut par son acte prouver, à ceux qui auraient douté de ses convictions, qu’il est un «vrai militant», terme qu’il s’est employé à définir. «Le militantisme n’a jamais été pour moi une démarche d’ambitions ou de calculs personnels de quelque nature qu’ils soient, et j’espère que ceux qui en doutaient en seront désormais convaincus. Le militantisme est encore moins pour moi une affaire de lutte interne au sein de ma famille politique, au risque de la voir se déchirer. Le militantisme est à mes yeux un comportement, un engagement pour des idées et pour une cause, et j’ai eu à le démontrer au fil de longues années et dans des circonstances particulièrement difficiles», souligne-t-il. Un passage qui sonne comme une mise au point à l’adresse de Yahia Guidoum, coordinateur des redresseurs, qui l’avait traité de tous les noms d’oiseaux dans un long entretien publié par Le Soir d’Algérie. Autrement dit, Ouyahia veut démontrer qu’il est soucieux de l’unité et de la pérennité du RND et qu’il n’est pas un «assoiffé» du pouvoir en refusant de prendre en otage cette formation politique au risque de la détruire. Il souligne, en revanche, le choix fait par ses détracteurs de mener une guerre contre lui en dehors du cadre institutionnel. Une démarche, suggère-t-il, qui aurait lourdement nui au RND. Ouyahia appelle les membres du conseil national qui l’ont soutenu à prendre part à la réunion de ce conseil prévue les 17 et 18 janvier pour «concourir à la restauration de la légalité et de l’unité du parti». Il assure rester militant du parti et œuvrer à sa réussite dans toutes les épreuves à venir.
Sonia B.
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